Il n'y a pas de quoi en être fier. C'est en gros la teneur du message très approprié du député-médecin français Gérard Bapt, au cours d'une Session extraordinaire à l'Assemblée Nationale à laquelle participait le Ministre français de la Santé Xavier Bertrand, le 28 septembre dernier:
Le document qu’a cité ma collègue Catherine Lemorton date de mars 2011, soit le moment de la transition entre l’ancien et le nouveau directeur, dont il se trouve qu’il était précédemment le président de l’INCa, l’Institut national du cancer. Or, je lis le dixième point de cette publicité : « la prévention du cancer du col de l’utérus est essentielle » – certes – « et passe par la vaccination à 14 ans » – c’est faux ! – « et les frottis de dépistage à partir de 25 ans ». Il s’agit donc d’une publicité mensongère. Quel a donc été le contrôle a posteriori ?
La vaccination se fait non pas contre le cancer mais contre le papillomavirus. Elle n’en couvre pas tous les types et il n’est pas sûr que, si elle empêche l’apparition de papillomes ou de condylomes, le virus restant quiescent ne déclenche néanmoins un épithélioma vingt ans après. C’est donc seulement à ce moment que l’on pourra donc juger de l’efficacité contre le cancer du col de l’utérus de la vaccination contre le papillomavirus. En revanche, l’effet immédiat c’est que l’assurance-maladie a déboursé en cinq ans 450 millions d’euros pour la prise en charge des deux vaccins, en particulier l’un d’entre deux.
Il y a, qui plus est, un effet délétère puisque, lorsque l’on fait des sondages dans les établissements scolaires, on s’aperçoit que les jeunes filles sont persuadées que dès lors qu’elles sont vaccinées, elles n’ont plus besoin de faire de frottis…
D’après les chiffres de l’INCa, l’incidence et la mortalité du cancer du col de l’utérus ne cessent de diminuer dans notre pays depuis dix ans. Je veux y voir les effets du dépistage organisé dans le cadre des plans cancer successifs. La vaccination ne datant que de quatre ou cinq ans, elle n’explique absolument pas ces courbes décroissantes. Qui sont les femmes chez qui on découvre ce cancer et qui en meurent encore parfois, malheureusement ? Celles qui ne se font pas dépister… En période de pénurie de crédits publics, n’est-il pas plus efficace de tout miser sur le dépistage plutôt que sur une vaccination dont on sait qu’elle est incomplète pour la prévention de l’apparition des papillomes et dont on n’a aucune certitude quant à son efficacité dans la prévention du cancer du col de l’utérus ? C’est aussi un débat de santé publique et je suis heureux que l’AFSSAPS, la HAS et la DGS soient présentes lors d’un prochain colloque, réunion de consensus qui nous permettra de faire le point sur ce thème.
Dans un tel débat, on ne peut voir les choses en blanc ou en noir. Il est trop facile, lorsque l’on remet en question l’exigence ou l’impératif de vaccination, de faire passer ceux qui doutent pour des membres de ligues anti-vaccinales.
Cela a été fait au moment de la vaccination contre la grippe A, parce que l’on doutait, notamment, au vu des liens d’intérêts qui s’exprimaient au travers de certaines déclarations et prises de position au sein de l’OMS et de l’Agence européenne, qui fait en ce moment l’objet d’une inspection dans cette obscure affaire du comité de lutte contre la grippe.
Nous verrons ce que répondra le comité technique des vaccinations, mais le débat doit être ouvert, y compris en termes médicaux et économiques. Vous soulignez une baisse, monsieur le ministre ; oui, mais pour ce qui est de femmes de quarante ou cinquante ans. En l’occurrence, nous parlons de vaccination chez des jeunes filles de quatorze ans. Nous verrons, lorsqu’elles auront trente, quarante ou cinquante ans, si cette vaccination est efficace.
Voir aussi notre article sur le gaspillage financier occasionné par ces vaccins au détriment du frottis de dépistage.