Grippe : seuls 3 Français sur 10 prévoient de se faire vacciner
Publié le 30 Octobre 2014
Selon les résultats du baromètre PHR/IFOP* seuls 3 Français sur 10 prévoient de se faire vacciner contre la grippe cet hiver. Alors que la campagne nationale de vaccination vient de débuter, 71% des Français feraient ainsi l’impasse sur le vaccin cette année.
Moins d’un tiers des Français (29%) prévoient de se faire vacciner contre la grippe cet hiver. Le chiffre se stabilise sur les valeurs les plus basses enregistrées, soit 28% en 2013. Parmi eux, 21% seulement indiquent en être certains.
La certitude de ne pas vouloir se faire vacciner contre la grippe cet hiver s’installe et concerne plus de 7 Français sur 10 (71%). 1 Français sur 4 (25%) indique qu’il ne se fera « probablement pas » vacciner contre la grippe, et 46 % « certainement pas ».
La première raison invoquée par les 6 Français sur 10 ne pensant pas se faire vacciner eux-mêmes, est le fait de ne pas voir l’utilité de la vaccination (60% contre 56% en 2013).
21% des Français ne pensant pas se faire vacciner continuent à juger les vaccins contre la grippe trop risqués.
81% des Français affirment savoir si leurs vaccins sont à jour, un chiffre stable qui laisse penser que les Français ont une bonne connaissance de l’état de leur carnet de santé.
« Alors que la grippe reste la première cause de mortalité par maladie infectieuse en France et dans le monde, et que la nouvelle campagne de vaccination contre la grippe vient de démarrer sur fond d’inquiétude liée à Ebola, seuls 29% des Français envisagent de se faire vacciner contre la grippe cet hiver », s’alarme Lucien Bennatan, pharmacien et directeur général du Groupe PHR.
L’étude PHR-IFOP fait apparaitre notamment que le recul de l’intention de vaccination contre la grippe chez les 65 ans et plus (qui sont à priori les plus concernés par cette campagne de vaccination) se confirme : elle est de 53% cette année, contre 58% en 2013 et 75% en 2012.
« Cette année encore, l’étude révèle une perception inquiétante, qui témoigne de la difficulté de mettre fin à certains préjugés contre les vaccins en général, et contre celui de la grippe en particulier. Le rôle du pharmacien est primordial dans l’information et le suivi vaccinal des patients », poursuit Lucien Bennatan.
*Etude PHR / IFOP réalisée du 18 au 25 septembre 2014. Les interviews ont eu lieu par questionnaire auto-administré en ligne (CAWI – Computer Assisted Web Interviewing), auprès d’un échantillon de 1001 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. La représentativité de l’échantillon a été assurée par la méthode des quotas (sexe, âge, profession de la personne interrogée) après stratification par région et par catégorie d’agglomération.
Sources : Pourquoidocteur & mypharma-editions
Couac dans la vaccination contre la grippe
Vendredi 31 octobre 2014
Une épidémie de grippe survenue chez des marins américains pourtant vaccinés contre la maladie questionne l’efficacité de cette méthode de prévention, à quelques jours de la journée nationale de la prévention contre la grippe.
En pleine campagne nationale de vaccination contre la grippe saisonnière, la nouvelle fait tache. Durant l’hiver dernier, une épidémie de grippe s’est déclarée à bord d’un navire militaire américain… dont l’équipage était pourtant à 99% vacciné contre la maladie! C’est ce qu’a annoncé il y a quelques jours l’organisme américain chargé de la surveillance des épidémies, le Center for Disease Control (CDC). Comment la grippe a-t-elle pu se répandre chez de jeunes hommes en bonne santé, une population justement censée bien réagir à la vaccination? Ce cas particulier, s’il ne surprend pas les spécialistes, souligne néanmoins certaines limites du vaccin.
L’épisode, décrit en détail dans un rapport publié par le CDC le 24 octobre, s’est produit en février dernier à bord d’un navire démineur de la Navy américaine, le USS Ardent, amarré pour des exercices dans un port de Californie.(cf photo ci-dessous)
En trois jours, 25 personnes sur les 102 que comptait l’équipage ont consulté le médecin pour des symptômes grippaux: fièvre supérieure à 38°C, frissons, maux de gorge et de tête, toux, etc. L’analyse d’échantillons prélevés dans le conduit nasal des malades a confirmé que 20 d’entre eux souffraient bien d’une grippe, plus précisément d’un virus Influenza de type A. Trois virus différents, nommés A, B et C, sont en effet à l’origine de la grippe saisonnière. Chacun de ces virus possède par ailleurs plusieurs sous-types. Ainsi, parmi les 20 marins américains grippés, 18 d’entre eux étaient infectés par un virus de sous-type A (H3N2). Sur ces 18 personnes, 17 avaient pourtant reçu le vaccin.
En effet, depuis les années 1950, le vaccin contre la grippe est obligatoire chez les militaires américains en exercice, sauf en cas de contre-indication médicale. A bord du USS Ardent, 99 personnes sur 102 étaient vaccinées. Tous étaient par ailleurs des hommes en bonne santé et dans la force de l’âge (entre 21 et 44 ans).
Qu’il soit possible d’attraper la grippe malgré le vaccin n’est pas en soi une surprise: la vaccination contre la grippe est en effet loin d’être infaillible. «Chez les personnes jeunes et en bonne santé, son efficacité se situe entre 70 et 90% selon les années, et chez les personnes âgées elle est plutôt autour de 50%», indique Ana Rita Gonçalves, biologiste au Centre national de référence de l’Influenza. Ce centre, qui fait partie du laboratoire de virologie des HUG, participe au réseau national de surveillance de la grippe Sentinella, qui regroupe quelque 200 cabinets médicaux répartis dans l’ensemble de la Suisse. «Parmi les 580 échantillons prélevés l’hiver dernier sur des malades dans le cadre de ce réseau figuraient ceux de 33 personnes qui s’étaient vaccinées contre la grippe mais l’avaient tout de même attrapée», relate la biologiste.
Cette relativement faible efficacité du vaccin s’explique par sa haute variabilité. Les virus de la grippe évoluent vite, et les souches dangereuses évoluent d’un hiver à l’autre. Chaque année au mois de février, l’OMS publie des recommandations pour la préparation des vaccins de l’hiver suivant, en fonction notamment des souches déjà présentes dans la population. Mais les virus ont alors encore plusieurs mois pour se transformer avant le début des épidémies. «Le vaccin commercialisé ne couvre jamais la totalité des souches en circulation, comme l’illustre le cas des marins américains. C’est pourquoi les vaccinations de masse dans un objectif de santé publique n’ont qu’une efficacité toute relative», estime le docteur Mikael Rabaeus, de la Clinique La Prairie à Montreux.
Un élément est particulièrement troublant dans l’épidémie du USS Ardent. Les analyses ont montré que le virus A (H3N2) qui avait contaminé les marins était très proche d’une des souches contre laquelle ils avaient été vaccinés. Le rapport du CDC précise que le code génétique du virus à l’origine de l’épidémie était identique à 99% à celui de la souche A (H3N2) appelée «Texas» figurant dans le vaccin administré aux soldats. Ces hommes n’auraient-ils pas dû être protégés contre un virus si semblable? «Pas forcément, car c’est la localisation des mutations qui importe plutôt que leur nombre. Une mutation survenue dans une région du génome du virus liée à sa reconnaissance par le système immunitaire peut suffire à ce qu’il échappe à la protection de la vaccination, explique Ana Rita Gonçalves. Mais il semble que le vaccin a tout de même eu un effet, puisque les marins ont été malades pendant moins de six jours, ce qui est assez court.»
Outre la virulence de la souche virale, la promiscuité liée à la vie sur un navire a aussi contribué à la propagation de la grippe à bord du USS Ardent. «Le risque d’apparition d’épidémies dans les milieux confinés est connu, particulièrement à bord des bateaux où les personnes vivent très proches les unes des autres et sont amenées à toucher des balustrades et d’autres objets pouvant être contaminés par des sécrétions nasales», relève Claire-Anne Siegrist, professeur de vaccinologie à l’Université de Genève, qui se dit peu surprise de ce qui s’est passé à bord du USS Ardent.
Même son de cloche du côté du virologue du CHUV Pascal Meylan: «On sait bien que le vaccin contre la grippe ne protège pas parfaitement et que dans certaines situations la maladie peut apparaître dans des populations vaccinées. Toutefois, cette protection même partielle est préférable à aucune protection.» Selon les recommandations de l’OFSP, ce sont en premier lieu les personnes à risque de complications qui devraient se faire vacciner, soit les personnes âgées de plus de 65 ans et celles atteintes de maladies chroniques, ainsi que les femmes enceintes et les nouveau-nés. Le vaccin ne réduit pas seulement le risque d’attraper la maladie mais permettrait aussi d’éviter les symptômes sévères. «Se faire vacciner quand on est en bonne santé permet aussi d’éviter de transmettre la maladie aux personnes fragiles», souligne Ana Rita Gonçalves. Pour la onzième année, une journée nationale de vaccination contre la grippe est organisée ce vendredi 7 novembre en Suisse. Des cabinets médicaux offrent la possibilité de se faire vacciner gratuitement et sans rendez-vous.
Source : Le Temps.ch