KANO (Nigeria) - Deux journalistes et un imam nigérians ont été libérés sous caution jeudi après avoir été inculpés pour la diffusion d’une émission critiquant le vaccin de la poliomyélite, juste avant les attaques meurtrières de cliniques d’où étaient organisées des vaccinations contre cette maladie.
Dix personnes ont été tuées le 8 février dernier dans l’attaque de deux cliniques à Kano, dans le nord du Nigeria. Quelques jours auparavant, la radio Wazobia FM avait diffusé un reportage renouvelant les critiques selon lesquelles de nombreuses vaccinations étaient faites de force.
Un des journalistes de Wazobia FM explique ainsi qu’il a été battu et que son matériel a été volé au domicile de l’imam Abubakar Rabo, les autorités sanitaires voulant forcer l’imam à faire vacciner ses enfants.
L’émission renouvelait aussi des théories de la conspiration et des critiques selon lesquelles les vaccins anti-polio font partie d’une conspiration de l’Occident contre les musulmans.
Les deux journalistes de Wazobia FM et l’imam avaient été inculpés mardi, et leur demande de libération sous caution initialement rejetée.
Jeudi, le juge Ibrahim Bello les a libérés sous caution contre 100 000 naira chacun (soit 475 euros) et deux garants par personne.
Dans la loi nigériane, toute accusation qui entraîne une condamnation inférieure à trois ans de prison permet une libération sous caution, a expliqué Ibrahim Bello.
La peine maximale qui peut être prononcée contre les trois suspects est trois ans de prison, la cour autorise donc la libération sous caution des accusés, a-t-il poursuivi.
Les charges retenues contre eux sont la conspiration criminelle, l’incitation au désordre, l’injure délibérée, l’obstruction faite à un fonctionnaire dans l’exercice de ses fonctions, la diffamation et la calomnie.
La théorie selon laquelle le vaccin anti-polio rend les musulmans stériles est très répandue dans le nord du Nigeria, majoritairement musulman. Elle a souvent été relayée par les politiciens locaux et les responsables religieux, rendant difficiles les efforts réalisés pour enrayer la propagation de la maladie.
Depuis 2003, la ville de Kano est particulièrement frappée par le virus de la polio en raison notamment de la suspension pendant 13 mois du programme d’immunisation à cause de ces théories.
Le Nigeria est, avec le Pakistan et l’Afghanistan, l’un des trois pays au monde où la polio reste endémique.
On ignore encore qui est responsable des attaques du 8 février et rien ne permet pour l’instant d’établir un lien direct entre celles-ci et l’émission de Wazobia.
Le groupe islamiste Boko Haram a mené plusieurs attaques à Kano, mais des bandes armées liées à des politiciens locaux opèrent également dans la ville.
Le Comité de protection des journalistes (CPJ) basé à New York avait réclamé mercredi via un communiqué l’abandon des charges pesant contre les journalistes par les autorités nigérianes.
Nous sommes très inquiets des accusations criminelles qui pèsent sur les journalistes de Wazobia FM après la diffusion d’une émission qui s’interrogeait sur la gestion de la campagne de vaccination anti-polio par le gouvernement nigérian, a déclaré Mohamed Keita, le consultant du CPJ pour l’Afrique de l’est.
Source: All Sud
Dans nos pays occidentaux, la question se pose moins parce que les crèches vont par exemple faire un odieux chantage vaccinal.
Les journalistes ne se hasarderaient jamais à questionner le vaccin anti-polio et surtout, se permettraient-ils de s’indigner de la réalisation de vaccinations forcées ?
Oui, peut-être s’ils en venaient à craindre pour leur propre liberté et leur propre santé ou celle de leurs enfants, ce qui explique sans doute le relai médiatique accru à l’occasion du H1N1, compte tenu de la menace réelle de vaccination obligatoire qui a plané.
Mais lorsqu’on voit que la presse n’avait même pas daigné relayer notre lettre recommandée très dérangeante à l’ONE (Office de la Naissance et de l’Enfance, équivalent belge francophone de la PMI française) sur l’insécurité des vaccins qu’elle exige, on conçoit que la presse ne sert certainement pas en priorité l’intérêt des citoyens et leur droit à l’information. Dans nos pays aussi, la presse n’est donc PAS LIBRE.