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30 mai 2012 3 30 /05 /mai /2012 15:33

Dans Le Soir du 14 mai dernier, on pouvait lire un grand article qui aura sans doute fait croire à tort à nombre de lecteurs à l'avènement d'une "grande révolution" en Belgique, en matière de conflits d'intérêts.

 

Il faut dire que l'article- signé par un journaliste habitué au relais d'articles plus que complaisants et très peu objectifs en matière de vaccination- commence de façon assez racoleuse par le sous-titre suivant "Santé/Le Conseil supérieur de la santé oblige ses 500 experts à se dévoiler".

 

Toutefois, si on lit attentivement, on se rend compte de l'énorme confusion, difficilement excusable de la part d'un journaliste quel qu'il soit, et qui consiste à amalgamer volontairement la déclaration des conflits d'intérêts à la résolution des conséquences néfastes qu'ils occasionnent (qu'ils soient déclarés OU PAS).

 

Cette confusion volontaire, c'est bien sûr aussi celle du CSS qu'il aurait fallu ne pas relayer sans le moindre esprit critique mais il faut dire que ces instances ont toutes leurs entrées dans la presse et qu'elles sont championnes pour présenter les affligeants statu quo en grandes révolutions et autres "faux progrès".  

 

Car pour le CSS, contrairement à ce que dit le chapeau de l'article, l'objectif des déclarations de conflits d'intérêts des experts n'est pas de "garantir qu'ils n'ont pas de lien contractuel ou moral qui puisse les influencer" mais surtout de donner l'illusion de se remettre en question suite au mécontentement public après le scandale du H1N1. On se situe donc là à 100% dans le registre de la communication, de façon à présenter le statu quo comme "inévitable" et même "souhaitable".

 

C'est ainsi que l'article reprend les propos de Jean Nève, Président du Conseil Supérieur de la Santé, selon qui "Dans certains domaines, un expert qui ne participerait à aucune étude clinique serait un piètre expert" et bien entendu parmi ces domaines, figure celui de la vaccination. Comme par hasard! Vu le marché de la vaccination et les enjeux financiers, on comprend qu'il serait éminemment risqué que quelques experts internationaux et plutôt critiques sur les vaccins puissent jamais siéger dans ce genre de comité et révéler au public la teneur des discussions qui s'y tiennent, notamment eu égard à la sécurité de ces produits!

 

La Ministre Onkelinx renchérit et vole ainsi au secours de Jean Nève (ils se tiennent tous): "L'indépendance totale est un mythe, seule le transparence permettra de maintenir sa crédibilité."

 

"Un mythe". Cela traduit assez bien le manque de volonté et de courage politique de la Ministre. Mais il faut dire que c'est là, la simple poursuite d'une attitude de fuite de ses responsabilités qui avait déjà eu cours avec le H1N1 puisqu'elle déclarait, en guise de "pirouette" fin septembre 2009 et pour répondre à la question d'une journaliste qui l'interrogeait sur notre insatisfaction par rapport à sa réponse sur la vaccination H1N1, "qu'il y a toujours des fantasmes liés à la vaccination".

 

La déclaration des experts du CSS sera disponible sur Internet. Et celle-ci s'étendra également aux proches de l'expert. Soit. Mais tant que les citoyens n'auront pas le pouvoir de récuser eux mêmes ces experts et que les médias n'auront pas l'obligation d'informer tous leurs lecteurs des conflits d'intérêts des experts qu'ils interviewent, cette mesure n'aura que peu d'impact sur l'information et la protection réelles des citoyens. De même, tant que les citoyens n'auront pas la liberté d'imposer dans ces mêmes comités d'autres experts d'autres types de préventions (que la seule idéologie vaccinale mise à toutes les sauces), il n'y aura jamais de véritable discussion possible dans l'intérêt premier des patients et cela restera toujours un vernis de scientificité plaqué sur une idéologie commerciale lucrative, mais sans le moindre réel contre-pouvoir.

 

En fait, dans une démocratie digne de ce nom, il serait tout bonnement impensable d'aller appointer avec de l'argent public des experts qui sont déjà plus que gavés aux rémunérations des industriels. De même, il serait tout aussi impensable que des instances dites officielles puissent pendant autant d'années tenir des discours aussi schizophrènes en disant d'un côté qu'elles décident en toute connaissance de cause d'inclure pour leurs avis des experts en conflits d'intérêts et d'un autre qu'elles "ont toujours tenu à leur indépendance".

Parce que c'est bien de cela dont il s'agit, c'est bien cela que le Conseil Supérieur de la Santé a fait: dire extérieurement exactement l'inverse de ce qu'il choisissait de faire dans ses coulisses et ses "sphères de travail". Est-ce vraiment tolérable? Est-ce là une preuve de respect pour vous, chers visiteurs?

 

Analysons deux exemples concrets qui seront sans doute bien nécessaires pour comprendre l'indispensable réalisme à avoir face aux beaux discours médiatiques de telles instances:

 

Décembre 2007: le Conseil Supérieur de la Santé rend son rapport sur la vaccination HPV.

4 des 5 experts qui ont rédigé ce rapport avaient ou avaient eu des conflits d'intérêts avérés avec les deux fabricants de vaccins concernés bien qu'ils avaient tous les cinq signé une déclaration de conflits d'intérêts précisant qu'ils estimaient pouvoir agir en toute indépendance dans ce dossier.

Réponse de la secrétaire scientifique du CSS (Katty Cauwerts) dans le Vif du 14 nov. 2008 à ce sujet:  "Ces gens ont été choisis pour leur expertise dans ce domaine, tout en sachant que ceci pouvait donner lieu à des conflits d'intérêts. Jusqu'à un certain point, c'est inévitable. Il faut aller chercher les données là où elles se trouvent." 

 

Ce printemps 2012, dans un droit de réponse du CSS qui fait suite au Colloque du 20 janvier dernier sur l'Indépendance de l'Expertise, le CSS affirme, en espérant ainsi séduire les plus crédules, que "Le Conseil Supérieur de la Santé (CSS) se préoccupe depuis toujours d'assurer son indépendance, et a mis pour ce faire en place une procédure de gestion des conflits d'intérêts (COI). L'obligation pour les experts de remplir une déclaration d'intérêts existe depuis longtemps et a été inscrite dans le Règlement d'Ordre Intérieur du CSS en 2007."

 

Octobre 2010: le Conseil Supérieur de la Santé rend son rapport sur la vaccination contre les pneumocoques. Parmi les rédacteurs de ce rapport, il y avait de nombreux experts en conflits d'intérêts avérés avec les industriels concernés. Le CSS indique même à la fin dudit rapport :

 « Le CSS tient à indiquer que certains experts liés à cet avis ont déclaré avoir des intérêts susceptibles d'amener une mise en cause de leur indépendance. Ces intérêts ont été évalués et considérés par le Conseil comme pouvant entraîner un risque majeur de conflit d’intérêts. Néanmoins, compte tenu de l’expertise disponible en Belgique et des délais à respecter, le Conseil, en pleine connaissance de cause, a jugé leur participation nécessaire à l'élaboration de l'avis au sein du groupe de travail dédicacé. Le Collège, organe décisionnel final du CSS, a été dûment informé de cette situation et a porté une attention particulière à cette problématique. ».

 

Un peu plus bas, dans LE MÊME RAPPORT du CSS, on peut lire dans l'encadré:

« En tant qu'organe officiel, le Conseil Supérieur de la Santé estime fondamental de garantir la neutralité et l'impartialité des avis scientifiques qu'il délivre. A cette fin, il s'est doté d'une structure, de règles et de procédures permettant de répondre efficacement à ces besoins et ce, à chaque étape du cheminement des avis. Les étapes clé dans cette matière sont l'analyse préalable de la demande, la désignation des experts au sein des groupes de travail, l'application d'un système de gestion des conflits d'intérêts potentiels (reposant sur des déclarations d'intérêt, un examen des conflits possibles, un comité référent) et la validation finale des avis par le Collège (ultime organe décisionnel). Cet ensemble cohérent doit permettre la délivrance d'avis basés sur l'expertise scientifique la plus pointue disponible et ce, dans la plus grande impartialité possible. »

 

Peut-on dès lors attendre monts et merveilles des tenants de ce genre de double discours aussi intense?

 

En réalité, cet article-ci du Soir n'est que le remake d'un précédent papier du même journal qui se résumait déjà à un faux débat entre Jean Nève du CSS et Yves Van Laethem (de ce même CSS), lesquels chantaient alors à l'unisson qu'il n'y avait rien à cacher et que les conflits d'intérêts étaient inévitables. Comme à son habitude donc, le journaliste Soumois n'a pas jugé bon d'aller interroger le moindre observateur extérieur de ce sérail, à l'atmosphère si entendue.

 

Le seul vrai mérite de cet article est en fait de relayer, entre autres propos du CSS, des affirmations qui révèlent en réalité l'hypocrisie du discours de gens comme Mme Mauroy, directrice médicale de l'ONE, qui osait par exemple affirmer dans le JT de la RTBF du 5 mai dernier que "Il faut savoir que les effets secondaires de vaccins sont contrôlés en permanence par une agence des Médicaments qui est une agence indépendante qui existe, au niveau de la Belgique et au niveau européen, et que, bien sûr, nous tenons tout cela à l'oeil, bien sûr que si des informations inquiétantes apparaissaient, on rééxaminerait la situation."

 

Ces propos de Mme Mauroy de l'ONE étaient donc un mensonge de plus, non seulement au niveau belge mais aussi au niveau européen. D'une part parce que le journal Le Monde révélait encore récemment les nombreux conflits d'intérêts qui règnent au sein de l'Agence européenne du Médicament mais aussi parce que le Conseil Supérieur de la Santé, en se profilant comme pionnier dans la révélation des conflits d'intérêts existant en son sein et en disant espérer que d'autres instances belges comme le KCE (le Centre fédéral d'Expertise des Soins de Santé qui se prétendait lui aussi indépendant), l'INAMI ou l'Agence fédérale du Médicament finissent par les imiter, a ainsi démontré lui-même que Mme Mauroy ne disait pas la vérité sur la prétendue indépendance de notre agence belge du Médicament.

 

Du bluff donc, continuellement, sur tous les aspects de la sécurité des vaccins, produits qu'on administre pourtant à tous dès le plus jeune âge et de façon répétée tout au long de la vie!

Si cela n'est pas gravissime, on se demande alors vraiment ce qui le serait.

 

Quant aux propositions de loi destinées à "encadrer les conflits d'intérêts", on ne doit, là encore, guère se faire d'illusion, hélas.

 

La proposition de Marie-Claire Lambert (PS) constitue le prototype de proposition de loi, certes tape à l'oeil, mais manquant complètement le coeur de la problématique, puisqu'il axe tout sur la seule déclaration des conflits d'intérêts avec sanctions pénales à la clé (amende, prison) et possibilité à posteriori d'annulation de la décision en cas d'occultation par les experts concernés. Ce genre de proposition, on ne peut plus consensuelle, ne fera donc au final que conforter les experts en conflits dans leurs confortables pantoufles locales, pourvu qu'ils aient bien tout notifié avant le début des festivités. 

 

L'autre proposition d'Ecolo, est déjà plus contraignante, avec la création d'un registre national de l'Expertise dans lequel les pouvoirs publics pourraient aller piocher des experts "propres", bien qu'on se doute que les autorités trouveront toujours à se justifier en arguant après coup qu'il n'y avait pas assez d"experts disponibles" que pour avoir choisi tel ou tel. Cette proposition implique cependant la création d'une Xième instance (inutile selon nous, si on fait preuve de bon sens et de fermeté), le Conseil Supérieur de l'Expertise dont les 10 membres seront nommés... par le Gouvernement! On ne sort donc pas de l'ornière et ce d'autant plus que cette proposition d'Ecolo établit déjà une "classification des conflits d'intérêts selon leur gravité", ce qui n'est hélas pas sans rappeler les tentatives du CSS, dans son précédent droit de réponse, de jouer sur les mots entre "conflits d'intérêts", "intérêts" et "conflits d'intérêts mineurs ne donnant pas lieu à l'exclusion de l'expert".

 

Que les intérêts soient passés ou présents, que l'expert soit plus ou moins impliqué au sein d'une entreprise donnée, ne change hélas rien à l'impossibilité psychologique qu'il aura de ce fait de pouvoir être réellement objectif.

 

En outre, si on ajoute que tous ces experts, même ceux qui n'auraient jamais eu aucun lien d'aucune sorte, ont été idéologiquement formatés, depuis le début de leurs études, à croire que les bénéfices de la vaccination sont énormes et sont infiniment plus nombreux que ses effets secondaires, on comprend qu'on ne change pas le coeur du problème et que ces gens n'auront jamais l'indépendance intellectuelle suffisante pour être à même de se rendre compte des insuffisances méthodologiques abyssales qui président depuis des décennies à la prétendue évaluation de la sécurité des vaccins, arriver à ne pas s'en satisfaire et surtout à comprendre que cela rend, par définition, toute évaluation du rapport bénéfices/risques d'une vaccination, scientifiquement impossible.

 

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