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29 mai 2012 2 29 /05 /mai /2012 23:18

Dans un droit de réponse, faisant suite au Colloque organisé par Ecolo le 20 janvier dernier sur l'Indépendance de l'Expertise, on sent à quel point le Conseil Supérieur de la Santé (CSS) est sur la défensive et "à bout de souffle". Ses justifications sont pour le moins affligeantes et pas du tout à la hauteur des enjeux.

 

Bien égratigné, comme il le méritait d'ailleurs, par le journaliste indépendant David Leloup, le CSS joue les vierges effarouchées. Sans arriver à convaincre pour autant.

 

Petit tour des couleuvres grosses comme des maisons que le CSS espère sans doute faire avaler au public:

 

"Le Conseil Supérieur de la Santé (CSS) se préoccupe depuis toujours d'assurer son indépendance, et a mis pour ce faire en place une procédure de gestion des conflits d'intérêts (COI). L'obligation pour les experts de remplir une déclaration d'intérêts existe depuis longtemps et a été inscrite dans le Règlement d'Ordre Intérieur du CSS en 2007."

 

Que dit le véritomètre à cet égard?

 

Le véritomètre détecte déjà un beau mensonge à cet égard. En effet, si le CSS s'était réellement préoccupé, depuis toujours, de son indépendance, comment se fait-il alors que l'on ait pu lire, dans le Vif l'Express du 14 novembre 2008, le passage suivant:

 

"Il ressort des documents que nous avons pu consulter que quatre des cinq membres du groupe de travail qui a préparé l'avis du CSS sur le Gardasil et le Cervarix (NB: un rapport qui date de décembre 2007), sont ou ont été consultants ou chercheurs rémunérés par GlaxoSmithKline ou Sanofi Pasteur MSD. Pourtant, ils ont tous les cinq signé la déclaration de conflits d'intérêts exigée par le Conseil Supérieur de la Santé, une déclaration par laquelle ils affirment pouvoir agir en toute indépendance dans ce dossier. "Ces gens ont été choisis pour leur expertise dans ce domaine, tout en sachant que ceci pouvait donner lieu à des conflits d'intérêts, réagit Katty Cauwerts, secrétaire scientifique du CSS. Jusqu'à un certain point, c'est inévitable. Il faut aller chercher les données là où elles se trouvent." 

 

Mais il y a mieux, en 2010, trois ans plus tard, le CSS faisait preuve du même genre de schizophrénie avec son rapport sur la vaccination contre les pneumocoques, en écrivant à la fin du rapport: « Le CSS tient à indiquer que certains experts liés à cet avis ont déclaré avoir des intérêts susceptibles d'amener une mise en cause de leur indépendance. Ces intérêts ont été évalués et considérés par le Conseil comme pouvant entraîner un risque majeur de conflit d’intérêts. Néanmoins, compte tenu de l’expertise disponible en Belgique et des délais à respecter, le Conseil, en pleine connaissance de cause, a jugé leur participation nécessaire à l'élaboration de l'avis au sein du groupe de travail dédicacé. Le Collège, organe décisionnel final du CSS, a été dûment informé de cette situation et a porté une attention particulière à cette problématique. », avant de rajouter un peu plus bas, dans un encadré final destiné à l’enfumage de tout un chacun, que « En tant qu'organe officiel, le Conseil Supérieur de la Santé estime fondamental de garantir la neutralité et l'impartialité des avis scientifiques qu'il délivre. A cette fin, il s'est doté d'une structure, de règles et de procédures permettant de répondre efficacement à ces besoins et ce, à chaque étape du cheminement des avis. Les étapes clé dans cette matière sont l'analyse préalable de la demande, la désignation des experts au sein des groupes de travail, l'application d'un système de gestion des conflits d'intérêts potentiels (reposant sur des déclarations d'intérêt, un examen des conflits possibles, un comité référent) et la validation finale des avis par le Collège (ultime organe décisionnel). Cet ensemble cohérent doit permettre la délivrance d'avis basés sur l'expertise scientifique la plus pointue disponible et ce, dans la plus grande impartialité possible. »

 

Très vite à la suite, le CSS tire déjà son parapluie et déclare qu'il a retravaillé sa procédure de gestion des conflits d'intérêts, affirmant notamment s'être fortement inspiré des processus de gestion ayant cours en France ainsi qu'au niveau européen (EMEA, EFSA), ces instances ne constituant hélas pas le meilleur exemple qui soit, loin s'en faut, puisque l'Afssaps -nouvellement rebaptisée ANSM- en France est financée à 80% par l'industrie pharmaceutique et que les agences européennes ont encore été richement éclaboussées dans la presse ces derniers temps pour... leurs nombreux conflits d'intérêts!

 

Chose amusante, le CSS avance sans rire, un peu plus loin dans son droit de réponse et en réponse à plusieurs critiques qui avaient été formulées à son encontre par le Prof. Geuns (de la KUL, au sujet de la plante stevia) que "Le dossier manquait d'informations toxicologiques nécessaires pour prouver la sécurité pour les consommateurs de la plante Stevia consommée en entier."

 

Forcément, une telle déclaration ne peut que faire sourire (ou pleurer c'est selon) les personnes qui ont étudié un minimum la question des vaccins. Pourquoi: parce que contrairement à la plante Stevia, que personne n'est obligée de consommer, les vaccins dont beaucoup sont obligatoires pour les enfants en crèches, contiennent une foule de produits chimiques dont les informations toxicologiques restent cruellement lacunaires compte tenu de l'existence de seuils maximaux théoriquement extrapolés mais jamais testés. C'est ainsi qu'un récent article paru dans le Monde et sur le site de RTBF Info rappelait les risques particulièrement sous-estimés de substances chimiques à faibles ou même très faibles doses. Alors, si on ajoute à cela que la plupart des vaccins contiennent du formaldéhyde, officiellement reconnu comme cancérigène certain, mais que les vaccins sont comme par hasard dispensés de tests de cancérogénicité, contrairement aux autres médicaments, on comprend le caractère assez surréaliste et anormalement tatillon du CSS vis-à vis de la Stevia, complète ou non! La seule chose, c'est qu'il y a simplement des tabous commerciaux auquel on n'a pas à toucher et bien sûr les vaccins en sont un formidable exemple.

 

Vient alors (en p2/5 du droit de réponse du CSS), la réponse du CSS aux objections et analyses du journaliste David Leloup.

 

Tout commence par une Xième répétition de leur prétendue bonne volonté, qui sonne d'autant plus faux que nous avons démontré plus haut, preuves à l'appui, le toc de ce genre de vernis verbal. "Le CSS approuve la nécessité de mettre en lumière le manque de transparence dans certains processus de décision politique." N'est-ce pas ici la bonne vieille technique manipulatoire de Goebels qui est à l'oeuvre et selon laquelle, il suffit de répéter 1000 fois un mensonge pour que celui-ci devienne une vérité?

 

Et le CSS d'en remettre encore une couche en rajoutant "Nous oeuvrons tous les jours pour améliorer cette transparence et d'appuyer au sein d'un Health Research System (HRS) belge un processus décisionnel politique basé sur l'Evidence-Based Health Policy."

 

Vraiment? Que nous indique le véritomètre à ce sujet?

 

Il s'agit juste d'un Xième mensonge de plus. Pourquoi: parce que comme on peut le lire dans une revue belge d'Evidence Based Medicine (Médecine basée sur les preuves), il est clairement expliqué que TOUT conflit d'intérêt, quel qu'il soit, "interfère avec le jugement clinique et nuit à l'intérêt des patients." Par conséquent, ce n'est certainement pas avec les beaux discours hypocrites du CSS, qu'on tendra vers une médecine de meilleure qualité.

 

Le CSS déplore ensuite le prétendu manque d'éthique journalistique de David Leloup car il aurait selon lui, injustement amalgamé le CSS et le Comité Influenza, "au prétexte que quelques experts du comité Influenza se retrouvent également dans la section vaccination du CSS".

 

David Leloup avait raison car "qui ne dit mot consent" et par conséquent, ceux qui n'étaient pas d'accord avaient toute liberté d'en faire part publiquement. A défaut, cela démontre le caractère malsain de cette omniprésence de ces "mêmes experts" dans tous les comités et qui, selon les mêmes règles bien connues de la psychologie sociale, arrivent sans trop de difficulté sans doute, à pouvoir influencer tout le reste du groupe.

 

S'agissant cette fois du refus du Conseil Supérieur de la Santé de transmettre à David Leloup les déclarations d'intérêts de ses experts, le CSS prétend dans son droit de réponse que ladite décision a été prise à l'époque "en toute bonne foi, sur base d'un avis officieux de la Commission pour la protection de la vie privée, ainsi que de l'interprétation des textes légaux pour un juriste de notre Service public Fédéral."

 

Voilà qui suffit en tout cas à démontrer l'absence de toute bonne foi de la part d'instances dites "publiques" qui sont payées avec l'argent des contribuables mais ne cessent en réalité de trahir leurs intérêts les plus fondamentaux.

 

Mais l'establishment a toutes les réponses (toutes faites et déjà toutes prêtes à l'emploi), comme par exemple le fait que cette demande de David Leloup n'était "pas motivée par rapport à l'un des avis du CSS". Comme si les précédents agissements scandaleux de cette instance (en matière de vaccination HPV, fin 2007 par exemple) ne justifiaient pas à priori la plus grande méfiance légitime vis à vis de TOUS ses avis ultérieurs!

 

Et pour mieux camoufler le véritable scandale de cette poursuite du statu quo avec des experts juges et parties (qu'ils aient déclarés leurs liens ne change rien à cette situation), le CSS tente de se profiler en "pionnier" ici en Belgique, arguant qu'encore aucune autre instance belge ne rend jusqu'à présent publiques les déclarations de conflits d'intérêts.

 

Comme nous l'expliquions, toutes les réponses sont déjà là toutes prêtes, qui attendent un public on ne peut plus crédule pour s'en satisfaire. C'est ainsi qu'à l'objection raisonnable du journaliste David Leloup sur les 5 experts du Comité Influenza liés à la firme GSK, le CSS ose répondre, sans rire, "Sans connaître ces experts de manière précise, il est plus que probable qu'un aussi grand nombre d'experts du Comité présentaient également des conflits d'intérêts possibles avec l'autre firme, Novartis. Ceci n'a pas empêché le groupe de recommander à l'unanimité l'un des deux produits." ou encore "Le CSS a déjà eu ce type de cas lors de recommandations d'un vaccin contre les pneumocoques. En Belgique, il était impossible de trouver des experts totalement vierges de conflits avec les firmes concurrentes. Malgré le fait qu'autour de la table, tous avaient un lien avec l'une ou l'autre firme, le groupe s'est prononcé, à l'unanimité et avec approbation du Collège composé d'experts indépendants liés à d'autres disciplines médicales, en faveur de l'un des deux, et ce sur base d'une évaluation scientifique rigoureuse et d'une gestion de ces conflits." 

 

Ce genre d'explications illustre en fait par l'absurde la véritable politique du Conseil Supérieur de la Santé: favoriser l'industrie pharmaceutique, qu'il s'agisse de l'une ou d'une autre.Dans tous les cas, il était idéologiquement impossible d'analyser, d'envisager et de recommander un autre traitement préventif, possiblement très efficace et plus sûr. Pourquoi? Parce que tous ces experts ont été conditionnés à la manière du chien de Pavlov selon la règle: virus ou bactérie? Vaccin, forcément!

 

Service Marketing, labo pompafrix

 

C'est en substance également ce qu'estime un des visiteurs ayant posté à la suite de la réponse du CSS, sur le site Ecologie Politique (au nom d'un certain Roland Maes) et qui dit justement, avec bon sens selon nous: « Dans le cas « influenza H1N1 » qui préoccupe le CSS, le problème ne fut pas le choix d’un producteur indigène de vaccin par rapport à un producteur étranger mais bien s’il fallait vacciner. L’utilité de la vaccination ne fut pas questionnée et aurait dû l’être parce que la réponse est connue de tous : « non » alors que tous les experts ont dit « oui ». »

 

Par conséquent, ces conflits d'intérêts, qu'ils concernent une firme ou plus n'ont rien de rassurant, au contraire, ils ne font que verrouiller les discussions possibles dans un seul et unique sens permis (celui d'un vaccin X ou Y). En général, ces conflits d'intérêts multiples favorisent au contraire le fait de "ménager la chèvre et le chou" et c'est d'ailleurs ce qui transparaît du rapport du KCE sur la vaccination contre les pneumocoques où on trouvait des qualités à tel vaccin là où on tentait aussi d'en trouver à l'autre, concurrent "belge" oblige, sans en privilégier un sur l'autre. Un rapport qui faisait suite à celui du CSS, pour le moins tiède sur ces deux vaccins, et qui ne consacrait d'ailleurs pas plus de 4 lignes sur leur sécurité, en osant affirmer qu'aucun effet secondaire grave ne leur était lié!

 

Pour le CSS, le tout est d'avoir une "gestion raisonnée" des conflits d'intérêts.

Entendez pas là: les déclarer (pour ne pas être accusé de les masquer) puis tout simplement faire comme si ceux-ci n'existaient pas, en invoquant au besoin de grossiers prétextes comme quoi "la disponibilité de l'expertise en Belgique fait qu'il faut inclure ces gens en conflits d'intérêts". Au vu de ce qui a été expliqué plus haut avec la vaccination HPV (2007), puis la vaccination contre le pneumocoques (2010), on voit que ces conflits ne sont donc pas du tout gérés mais au contraire savamment banalisés.

 

Pour le CSS, les propositions de David Leloup en matière d'expertise ne seraient pas réalistes quant à l'idée d'aller chercher des experts indépendants à l'étranger, au motif que l'industrie pharmaceutique a une influence dans le monde entier, que ça serait trop coûteux et que les experts n'ayant jamais participé aux études appliquées (par définition financées par l'industrie) n'auraient pas l'expertise nécessaire dans un domaine donné.

 Ces propos sont donc la preuve, une fois encore, que la priorité de ces gens-là n'est pas de trouver le meilleur type de prévention possible contre une maladie donnée mais de favoriser les seules décisions qui satisferont les pharmas. Et au besoin, histoire d'offrir encore un festival de pseudo-justifications boiteuses tout en prétendant servir l'intérêt général, le CSS n'hésite pas à jouer sur les mots, arguant qu'il existe une vraie différence entre "intérêt" et "conflits d'intérêts" et décidant arbitrairement du même coup que "des intérêts de plus de 3 ans sont considérés comme des conflits d'intérêts mineurs, et donc ne donnent pas lieu à une exclusion de l'expert, mais à une simple transparence des intérêts."

 

Finalement, à croire le CSS, il n'y aurait plus possibilité de trouver le moindre expert en Belgique si les propositions "trop sévères" de David Leloup étaient appliquées et "les experts n'augmenteraient plus leur expertise", sans la rémunération financière attractive de l'industrie.

 

Pour le CSS, une base de donnée sur les conflits d'intérêts des experts seraient davantage utiles "aux instances scientifiques" (laissez donc ça entre nous) plutôt qu'aux journalistes... quel mépris pour le public! Mais il faut dire que le CSS renvoie aussi, à la fin de son plaidoyer, à  l'avis du Pr Zmirou- Navier de l'INSERM, lequel, au prétexte d'éviter des "experts incompétents" (pourraient-ils vraiment être plus incompétents qu'ils ne le sont déjà aujourd'hui?), affirme qu'il faut savoir résister aux attraits d'une "science démocratique"!

 

Ce droit de réponse du Conseil Supérieur de la Santé aura au moins eu un mérite, celui de révéler un peu mieux encore aux citoyens la vraie philosophie d'une telle instance et à qui celle-ci profite réellement le plus.

 

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