Paris, le mercredi 13 juin 2012 – La première victime de l’épidémie de grippe A(H1N1) demeure toujours, trois ans plus tard, la vaccination saisonnière contre la grippe. Alors que depuis la fin des années 90, le taux de personnes s’immunisant chaque année contre les virus grippaux ne cessait, lentement, mais sûrement, de progresser passant ainsi de 20 à 26 % en 2009, une diminution « significative » selon le mot du professeur Bruno Lina, président du conseil scientifique du Groupe d’expertise et d’information sur la grippe (GEIG) s’observe depuis deux ans.
Les chiffres présentés hier par le GEIG sur la base d’une enquête réalisée auprès de 6000 personnes de plus de 15 ans par l’institut Kantar Health révèle en effet que seuls 23,4 % des Français se sont fait vacciner contre la grippe cet hiver, contre 26 % il y a deux ans. Certaines régions accusent des résultats plus décevants encore, tels que le quart sud ouest où à peine plus de 20 % des plus de 15 ans se sont protégés contre le virus grippal cet hiver. Toutes les catégories de population sont concernées, y compris celles qui font l’objet de recommandations de vaccination spécifiques. Ainsi, seuls 62 % des plus de 65 ans se sont vaccinés contre la grippe cette année contre 69 % l’année dernière et 71 % il y a deux ans. De même, chez les patients atteints de maladies chroniques, la couverture vaccinale ne dépasse pas les 49 %, voire même les 43 % chez ceux atteints de broncho-penumopathie chronique obstructive (BPCO), soit une baisse vertigineuse de 25 % par rapport à 2009-2010. Chez les enfants, les résultats sont plus accablants encore : 11 % des petits à risque ont été vaccinés cette année contre 21 % il y a deux ans. Enfin, on compte seulement 3 % de parents de nourrissons protégés contre la grippe en 2011, contre 15 % en 2009-2010.
Bien sûr, en guise d’explication, les retombées du « fiasco » de la campagne de vaccination contre l’épidémie de 2009 sont citées en priorité. Le professeur Bruno Lina suggère également que le fait que le vaccin de cette année ait été le même que celui de l’année dernière a peut-être incité certains à penser qu’une nouvelle injection n’était pas nécessaire. Un tel état d’esprit confirme le défaut d’information des populations sur la vaccination et sur la grippe en général.
Un manque de connaissance probablement directement lié à l’attitude même des professionnels de santé. Si l’on devait leur reconnaître un rôle d’exemplarité en la matière, les raisons des très faibles couvertures vaccinales contre la grippe seraient alors facilement élucidées. L’étude du GEIG révèle en effet qu’en 2011, seuls 60 % des médecins généralistes, 40 % des hospitaliers, 11 à 12 % des infirmières salariées et 3 % des infirmières libérales ont accepté de se vacciner contre la grippe. Des résultats en forme de messages particulièrement contre productifs à l’intention des patients.
Il est en tout cas certain d’une chose, les conséquences du recul de la vaccination contre la grippe ne se sont pas faites attendre. Cette année, la mortalité a été plus importante qu’en 2010-2011.
Source: JIM
Les affirmations sur la hausse de la mortalité prétendument liée à la baisse de la vaccination antigrippale sont peu crédibles étant donné les aveux d’instances officielles sur l’absence de preuves scientifiques d’efficacité chez les sujets âgés et ceux des groupes dit « à risque », de même que plusieurs constatations selon lesquelles aux USA par exemple, une hausse de couverture vaccinale de 50% entre 1980 et aujourd’hui ne s’est pas accompagnée de la moindre baisse de mortalité ou encore que la vaccination systématique des enfants contre la grippe dès 2005 s’est au contraire accompagnée d’une hausse nette de la mortalité dans cette tranche d’âge.