C'est ce que révélait le Daily Mail d'hier: GSK a plaidé coupable et devra payer pas moins de 3 milliards de dollars pour éteindre les poursuites pour fraude dont la firme faisait l'objet.
Cette entreprise pharmaceutique bien connue, et un des premiers producteurs de vaccins au monde, était en effet accusée de promotion illicite de ses produits, de déclarations trompeuses sur les prix et l'efficacité de ses médicaments et d'avoir soustrait des documents démontrant l'inefficacité et les risques de tels médicaments. En outre, la firme a également admis avoir incité les médecins à prescrire ces médicaments inefficaces et potentiellement dangereux, à coup de voyages à Hawaï, de chasses au faisan en Europe et de tickets de concert pour Madonna.
La somme d'un tel "règlement à l'amiable" est donc la plus grosse jamais atteinte en matière de fraude dans le domaine de la santé. Elle concerne trois médicaments les plus vendus du géant pharmaceutique dans la période 1997-2004.
Il s'agit de l'Avanadia, du Paxil/Seroxat et du Wellbrutin.
Le premier médicament, l'Avandia, est un anti-diabétique du groupe qui a été utilisé par 100 000 diabétiques britanniques (et des diabétiques du monde entier d'ailleurs) et fut retiré du marché il y a deux ans, en raison de ses effets secondaires. Selon un expert britannique, ce médicament pourrait avoir été à l'origine de 1000 attaques cardiaques chaque année au Royaume-Uni.
Le Seroxat (ou Paxil) est un anti-dépresseur très connu, prescrit à des millions de gens de différents pays et qui était aussi prescrit aux enfants avant d'être retiré du marché en 2003 parce qu'il augmentait le risque de suicide.
Le Wellbrutin (Zyban) était utilisé en Grande-Bretagne comme anti-dépresseur mais il était aussi promu illégalement aux USA comme "pilule amincissante" et dans les troubles déficitaires de l'attention (ADHD disorders).
Avant cela, c'était la firme Pfizer, productrice du célèbre Viagra (et aussi gros producteur de vaccins) qui avait dû débourser 2,2 milliards en 2009 pour avoir illégalement fait la promotion de 4 médicaments pour des usages non approuvés. En 2010, GSK avait déjà dû verser 96 millions de dollars à un lanceur d'alertes qui avait mis en évidence des problèmes de contamination et de maquillage des problèmes dans une usine du groupe, à Puerto Rico.
Il est important d'insister que GSK va donc ici payer ces 3 milliards dans le cadre d'un règlement à l'amiable, ce qui éteindra donc les poursuites pénales et civiles qui auraient pu découler de l'enquête entamée en 2004 par le procureur de l'état du Colorado et ensuite reprise par le procureur de l'état du Massachusetts. Ce montant de 3 milliards est le résultat de négociations qui ont mené à un accord de principe en novembre 2011.
Bien entendu, les officiels, qui ont une responsabilité écrasante dans ce genre de dérives en raison de la collusion préoccupante entre les autorités administratives et ces pharmas, jouent à présent le rôle de vierges effarouchées en accusant par exemple GSK d'avoir gaspillé l'argent public, d'avoir caché des informations sur les risques de l'Avandia à des groupes citoyens de vigilance, sans parler du fait que ces autorités se glorifient également de faire de la lutte à la fraude sanitaire l'une de leurs premières priorités (en citant par exemple que sous l'administration Obama, 10,2 milliards de dollars auraient déjà été récoltés pour fraude et 800 personnes inculpées pour escroqueries à la santé).
"Cet accord historique est une étape majeure dans nos efforts d'éradiquer les fraudes à la santé", a ajouté Bill Corr, ministre adjoint de la Santé. "Depuis longtemps, notre système de santé est la cible de tricheurs qui pensaient faire un profit facile au détriment de la sécurité publique", a-t-il ajouté.
Pourtant, GSK s'accomode sans doute fort bien de ce genre d'"arrangement à l'amiable" qui consiste en quelque sorte à "acheter sa tranquillité judiciaire" et qui démontre hélas qu'avec tant d'argent, on peut tout acheter et tout stopper. Ceci est grave car cela implique qu'il est économiquement préférable pour GSK de continuer à recourir à ce genre de pratiques compte tenu de leurs profits et donc de leur capacité financière. Ce qu'il faudrait c'est que pareilles mises en danger de la santé publique ne puissent justement plus faire l'objet du "moindre arrangement à l'amiable" et que cela puisse de facto engager la responsabilité PENALE des dirigeants de ces entreprises. Car ceux-ci se sentent tout simplement impunis! La preuve: Andrew Witty, le PDG de GSK qui gagne pas moins de 10,7 millions de dollars annuels s'est excusé en affirmant que "les employés coupables ont été licenciés", preuve que ces dirigeants n'assument rien et recourent aux prétextes faciles de rejeter la faute sur des sous-fifres, exactement comme l'a fait le Directeur médical de l'Agence européenne du Médicament dans le Documentaire d'Elise Lucet ("Les vendeurs de maladies") et qui prétendait lui aussi que l'envoi d'un document quasiment entièrement caviardé sur l'Acomplia à la revue médicale Prescrire qui en faisait la demande, relevait d'une faute commise par un employé!
Qui peut encore croire après ça que pour les vaccins, ces firmes agiraient avec plus d'éthique et que ce serait là une sorte d'"îlot sacré" au milieu d'un océan de fraude et de corruption? Et si c'était le cas, pourquoi aurait-il été nécessaire que la Cour Suprême des USA accorde l'impunité juridique aux pharmas pour les effets secondaires plus graves et plus fréquents qu'on ne pense, des vaccins? Si les officiels luttaient vraiment contre la fraude et les "fausses affirmations des firmes", il est évident qu'ils auraient dû commencer par donner le bon exemple eux-mêmes, en ne signant par exemple pas ce scandaleux contrat secret d'achat de vaccins H1N1 dans lequel il était révélé l'absence de toute garantie d'efficacité et de sécurité et ce, alors même que les ministres en charges de différents Etats laissaient pourtant frauduleusement entendre que ces vaccins étaient utiles et sûrs!!!!!!!!!!!
Sources des informations (pas de l'entièreté de l'analyse):