Le 20 janvier dernier se tenait un colloque au Parlement fédéral belge sur l'indépendance de l'expertise, à l'initiative du parti Ecolo.
Parmi les intervenants se trouvait le Pr Denis Zmirou-Navier de l'Institut National français de la Santé et de la Recherche Médicale (INSERM), dont la présentation mérite assurément quelques commentaires.
Cette présentation tente de complexifier, pour ne pas dire d'enfumer l'auditoire sur des questions qui appellent avant tout un minimum de bon sens. Elle comporte par ailleurs des classifications théoriques assez vaseuses, aisément réfutables par le seul bon sens (là encore!)
Petit exemple pour mieux comprendre (dia n°10):
Cette sorte de "hiérarchisation" théorique du public face à la notion d'expertise pose quelque peu problème. Tout simplement parce qu'elle fait fi d'une notion absolument incontournable et hélas non inhérente à chaque expert: la notion de bon sens.
Or, il est clair que celle-ci est indispensable lors de toute évaluation bénéfices/risques d'une approche technique, médicale ou scientifique.
Sans bon sens, on peut prendre des risques inconsidérés et quand on les prend "en tant qu'"expert" ou même "grand expert" au nom du public, ce sera hélas majoritairement sur ce "vulgum pecus" que pèseront les conséquences d'une telle témérité, qu'il s'agisse du danger des ondes électromagnétiques, des OGM ou d'expériences hasardeuses menées avec les deniers publics par des chercheurs apprentis-sorciers (recombinaison du H5N1 avec le H1N1, lait vaccinal via des chèvres OGM, etc)
Avec le H1N1, l'OMS a prétendu avoir choisi "les meilleurs experts dans leur domaine". Pareil pour les instances européennes et l'Agence européenne du Médicament.
Pourtant, qu'a-t-on pu constater après coup? Les cas de narcolepsie (les conseilleurs n'étant pas les payeurs) mais pas seulement, beaucoup d'autres effets secondaires neurologiques et auto-immuns se sont déclarés alors que l'on avouait progressivement que cette grippette était en réalité une fausse pandémie. On avait donc non seulement réalisé une expérimentation humaine illicite sur le conseil de ces grands experts, mais pire, on l'a réalisée pour de fallacieuses raisons.
Tout ceci nous amène donc à constater les errances et les limites de ce genre de présentation théorique, uniquement destinée à conforter les prérogatives excessives des experts dans leur tour d'ivoire.
Car avec un minimum de bon sens, il aurait dû être très simple, en tant qu'expert, de ne pas embrayer dans pareilles recommandations hasardeuses. Cela prouve donc bien que le bon sens ne s'apprend pas en faculté, on en fait preuve ou non, on en a ou non et ceci explique pourquoi de simples citoyens peuvent parfois agir de façon bien plus sage, pertinente et intelligente que le meilleur expert dans son domaine.
Cette segmentation du public avec "les experts spécialisés" en haut de la pyramide n'est pas du tout souhaitable, car elle constitue en réalité une sorte de légitimation d'un autoritarisme sanitaire, exécuté officiellement par des ministres se sentant pleinement "couverts" par leur cénacle d'experts, ces derniers évoluant ainsi en toute impunité et le plus souvent, dans une opacité la plus totale en ce qui concerne les conflits d'intérêts.
Le danger et les risques d'une situation doivent donc impérativement pouvoir être évalués également par les citoyens eux-mêmes et JAMAIS par les seuls experts dont les conflits d'intérêts sont bien sûr potentiellement en mesure de mettre leur bon sens en sourdine.
Visiblement, c'est loin d'être le point de vue du Pr Zmirou-Navier puisqu'il écrit notamment que "L'espace de la production scientifique n'est pas un espace pur et désincarné. C'est un "construit social". Mais il a ses règles propres et ses critères de jugement qui ne relèvent pas de la démocratie."
Laisser les experts entre eux décider seuls de la gestion des risques constitue donc un redoutable danger pour le grand public qui est pourtant le premier concerné.
Mr Zmirou-Navier va même jusqu'à conclure qu'il faut "savoir résister aux attraits de la "science démocratique" et "distinguer les objets, moments et lieu de l'expertise". (p.27)
C'est oublier que nous sommes en définitive tous experts de nos propres vies et qu'une analyse personnelle intuitive et logique n'est jamais superflue. Au risque sinon, de regretter d'avoir aveuglément suivi "les grands experts" (qui se sont déjà tellement de fois trompés!)