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1 juin 2012 5 01 /06 /juin /2012 22:14

Souvenez-vous, le 27 décembre dernier, Initiative Citoyenne introduisait une plainte auprès du Conseil de Déontologie Journalistique (CDJ) en raison de l'article scandaleusement partial du Vif du 23 décembre sur les vaccins.

 

Pour nous, il s'agissait et il s'agit bien sûr toujours d'un article partiel et partial, trompeur et absolument non objectif.

 

Le 21 mai dernier, le CDJ nous faisait enfin parvenir sa décision (datée du 16).

 

Comme nous allons le voir, il s'agit d'une décision très étrange. Non pas en soi, parce qu'elle nous donne tort mais parce que cette décision repose sur plusieurs affirmations gratuites non étayées et parce qu'elle est, en plusieurs points, très incohérente.

 

Si vous lisez cet article en question du Vif tout d'abord et le contenu de notre plainte, particulièrement argumentée ensuite, vous ne pourrez que vous rendre compte du caractère éminemment anti-déontologique d'un tel article, compte tenu de tout ce qu'il occulte d'essentiel.

 

La première impression quand on lit la décision du CDJ, c'est qu'il ne semble pas avoir lu notre plainte et les éléments accablants et prouvés que nous avions soulevés.

 

Le fait que l'avis du CDJ ait à ce point suivi la pseudo-argumentation du Vif fait tout de même se poser la question de la faisabilité générale de pouvoir désavouer des articles de presse dès lors que le financement même du CDJ provient de contributions des éditeurs et des journalistes (qui n'apprécieraient sans doute guère de payer pour une instance qui critiquerait leurs productions, quand bien même il y aurait d'excellentes raisons de le faire).

 

L'argumentation du Vif, telle que synthétisée dans le document du CDJ, est assez affligeante en ce sens qu'elle repose uniquement sur des affirmations gratuites, des insinuations mais aussi et surtout parce qu'elle manifeste un mépris préoccupant envers le lectorat de cet hebdomadaire.

 

Deux exemples parmi d'autres. Le Vif avait intitulé son article "Tout sur les vaccins" mais a cependant eu le culot de prétendre après coup que "le but de l'article n'était pas de donner un aperçu de toutes les discussions scientifiques pro et contra". Pourquoi alors, si cet article était vraiment indépendant de la moindre pression commerciale, avoir intitulé un tel article de la sorte? 

 

Autre exemple d'argumentation du Vif quant au caractère partiel et trompeur de l'article:

 

" L'information sur les conflits d'intérêts à propos des experts n'était pas nécessaire, dans la mesure où l'article n'était pas une étude scientifique, et n'avait pas pour but de donner un aperçu complet de la situation scientifique. La question sur les conflits d'intérêts ne se pose pas. Par ailleurs, l'influence éventuelle de l'industrie doit être nuancée (c'est Roularta Medica qui parle bien sûr, ne l'oublions pas, note d'Initiative Citoyenne). [...] Néanmoins, le Vif a fait une petite analyse sur les reproches des plaignantes. Le manque de rigueur n'est pas du côté que l'on croit. Les extraits critiqués sont sélectionnés et sortis de leur contexte."

 

Des insinuations donc mais aucune réponse valable aux points concrets et essentiels que nous avions pourtant soulevés. En revanche, venir affirmer que "la question des conflits d'intérêts ne se pose pas" et que l'information relative à cette question n'était pas nécessaire, témoigne d'un mépris certain vis-à-vis des lecteurs, finalement considérés comme des citoyens de seconde zone au regard des "nobles scientifiques" qui, eux, pourraient avoir accès à ces informations essentielles sur l'influence de l'industrie pharmaceutique  et ainsi arbitrairement décider de ce qu'ils acceptent, fort opportunément, de lâcher ou non aux patients, ces derniers devant donc à tout prix rester dans l'illusion d'une fausse unanimité médicale au sujet de la vaccination!

 

Ces propos du Vif ne font par conséquent que nous renforcer dans la conviction qu'il est indispensable que le législateur légifère pour imposer aux médias de communiquer aux lecteurs, non pas forcément dans le détail, mais au moins de mentionner si tel ou tel expert interrogé présente des conflits d'intérêts avec les fabricants de vaccins ou d'autres produits sur lesquels ils sont interrogés car manifestement, les médias n'auront pas spontanément, de leur propre initiative, ce geste de respect élémentaire vis-à-vis du lectorat.

 

Mais venons-en à présent aux réflexions du CDJ. Celui-ci, de peur sans doute de voir un jour le vent tourner en matière de vaccination, prend la précaution de dire qu'il "ne prend en aucune manière position dans le débat sur la vaccination." Soit mais est-ce vraiment le cas?

 

Après avoir un peu tiré par les cheveux l'argumentation sur le titre ambigu et contradictoire de cet article, en déclarant qu'il recouvre l'ensemble du sujet grâce à "l'ampleur des neuf questions abordées", le CDJ détaille trois normes déontologiques qui sont ici débattues, celle de la recherche de la vérité, celle de l'occultation de faits essentiels et enfin celle de la tromperie du public.

 

En trois lignes seulement, le CDJ arrive à affirmer (mais sur quelle base?) que "la recherche de la vérité n'est pas prise en défaut". Rien que le seul fait de ne pas avoir cherché spontanément à récolter les deux points de vue, alors que ladite journaliste ne pouvait décemment ignorer l'existence d'une controverse scientifique, suffit à démontrer qu'elle  n'avait nullement la volonté de "rechercher la vérité" et qu'elle (ou sa rédaction) avai(en)t donc manifestement un parti-pris préalable.

 

Pour ce qui est de l'occultation de faits essentiels, le CDJ ose sans rire affirmer "qu'il n'y a pas non plus d'occultation de faits essentiels dans le débat de fond."

 

Pourtant, des faits aussi essentiels que la sous-notification gravissime des effets secondaires des vaccins (d'ailleurs reconnue par des instances officielles comme l'Afssaps) et l'absence de tout véritable groupe placebo dans les essais cliniques des vaccins, sont tus alors qu'ils auraient donné un tout autre éclairage sur l'affirmation péremptoire de l'article selon laquelle il y a infiniment plus de bénéfices que d'inconvénients aux vaccins. La vérité c'est que cela n'est pas prouvé, que c'était l'opinion de deux experts influencés par l'industrie et que cette journaliste ne s'est même pas donné la peine de vérifier, au seul prétexte qu'ils sont "experts" et que plusieurs médecins lui auraient renseigné ces deux seuls experts comme "références en la matière". Quelle rigueur, y a vraiment pas à dire!

 

Mais cela n'est pas tout. Quand le Dr Van Laethem affirme que les vaccins ne surchargent pas le système immunitaire, là aussi il était faisable pour la journaliste de vérifier si d'autres éléments extrêmement essentiels à la compréhension de cette hypothèse n'étaient pas justement occultés par ledit expert, à savoir le mode d'introduction de ces substances étrangères du quotidien qui diffère de façon fondamentale du mode d'administration des antigènes des vaccins (par injection, soit en court-circuitage des voies cutanées et muqueuses physiologiquement prévues). Par conséquent, occulter une différence aussi essentielle conduit immanquablement à désinformer le public, exactement comme quand les journalistes relayaient la prétendue sécurité du squalène du vaccin, tout en négligeant la différence majeure entre l'ingestion et l'injection du squalène (ce qui change pourtant radicalement la donne au niveau des risques!).

 

Pour ce qui est du troisième élément, celui de la tromperie du public, le CDJ se limite à déplorer la confusion entre l'opinion des experts (entre guillemets) et le reste de leur interview (qui n'est pas mis entre guillemets et donne ainsi l'impression que c'est l'avis de la rédaction).

 

Le CDJ précise pourtant que "le second élément qui pourrait éventuellement constituer une tromperie est la crédibilité des experts interrogés", tout en rajoutant "le choix des interlocuteurs appartient aux journalistes, sauf si ce choix vise à tromper délibérément le public. En l'espèce, les experts ont été renseignés à la journaliste comme compétents".

 

C'est un peu court CAR précisément, l'argumentation simpliste qui a, entre autres, été reprise par le Dr Van Laethem, qui a comparé la vaccination au port de la ceinture de sécurité, était déjà celle du spot publicitaire de la Fédération Wallonie-Bruxelles qui avait pourtant déjà été reconnu antérieurement comme trompeur et "de nature à induire le consommateur en erreur".

Par conséquent, reprendre encore la même argumentation fallacieuse postérieurement à cette date (alors que la journaliste ne pouvait pas ignorer la décision du JEP du 9 novembre dernier, puisque répercutée dans la presse) est plutôt de nature à constituer un indice de tromperie volontaire, pas forcément de la part de la journaliste mais peut-être de sa rédaction avec l'emprise de Roularta Medica derrière bien entendu.

 

La distanciation du CDJ par rapport à l'avis du JEP constitue en fait un véritable coup de canif dans leur volonté affichée de dissocier journalisme et publicité, puisqu'il est ici déontologiquement permis de reprendre sans contradiction dans un article de presse des affirmations simplistes déjà antérieurement reconnues comme trompeuses dans le cadre d'une publicité. Dans les deux cas, il n'y a absolument aucune différence quant au but commercial et au but d'adhésion poursuivis, même si le CDJ doit faire le grand écart pour se justifier en prétextant qu'un article de presse fait appel à l'"intelligence des lecteurs", supposant ainsi implicitement que les lecteurs du Vif qui auraient gobé ce genre de bobards simplificateurs sont des idiots. Ceux-ci apprécieront...

 

Par ailleurs, avec le précédent du H1N1, et les articles de presse que cela a suscité (notamment dans le Monde, "le Timisoara des Experts"), les journalistes ne peuvent décemment plus ignorer que la parole des experts n'est pas forcément vraie et crédible à priori et encore moins qu'elle est considérablement influencée par leurs conflits d'intérêts. Or c'est pourtant l'hypothèse naïve et plutôt invraisemblable qui est ici retenue par le CDJ, à savoir que la journaliste pouvait légitimement ne s'en référer qu'à ces deux seuls experts.

 

Pourtant, il est tout à fait évident que la journaliste pouvait vérifier assez facilement la crédibilité des experts interrogés.

 

Par exemple, lorsqu'ils essaient de faire passer le syndrome de Guillain-Barré comme "une légende", il n'était guère difficile pour la journaliste d'aller chercher un compendium médical, d'aller jeter un oeil aux notices professionnelles de plusieurs vaccins antigrippaux, ce qui lui aurait permis de s'apercevoir de la discordance phénoménale entre la parole des experts ("c'est une légende") et la réalité puisque cet effet secondaire est explicitement repris dans la notice. La preuve du caractère trompeur de cet article pourrait même d'ailleurs déjà se résumer à ce seul élément puisqu'il assimile ainsi les effets secondaires REPRIS PAR LES FABRICANTS EUX-MÊMES à une légende, outre que cela constitue tout de même un fameux manque de respect de la dignitité humaine, vis-à-vis de toutes ces victimes de Guillain-Barré après vaccination antigrippale notamment. Mais apparemment, cela non plus ne semble guère anti-déontologique pour le CDJ. Etrange.

 

Autre élément de vérification possible pour la journaliste de la sacrosainte parole expertale: les affirmations sur le caractère protecteur contre le cancer de la vaccination anti-papillomavirus. Là encore, la journaliste aurait pu initier une recherche par mots-clés et qui sait, tomber sur la décision OFFICIELLE de l'Agence française du médicament d'interdire une publicité du vaccin Gardasil, au motif précisément qu'il était FAUX en l'état actuel d'oser affirmer que cela prévient réellement le cancer! Mme Swennen a donc affirmé une ineptie au regard des données les plus actuelles de la science et la journaliste, Barbara Witkowska, ne s'est même pas donné la peine de vérifier. Ce genre de contradiction ahurissante n'a pas non plus fait frémir le CDJ. Etrange, là aussi.

 

Mais il y a encore ceci d'énorme. Une contradiction qui devrait faire bondir jusqu'aux médecins les plus timorés:

 

Rapport du CSS de déc. 2007 sur la vaccination HPV (dont Mme Swennen est co-auteur):

 

« Les effets de la vaccination systématique des pré-adolescentes sur l’incidence et la mortalité par cancer du col de l’utérus ne seront visibles que dans un délai de 20-30 ans. » 

 

Affirmations du Dr Swennen dans le Vif du 23 décembre 2011:

 

« Le vaccin protège des cancers causés par les papillomavirus 16 et 18.[…] Cependant, le recul de neuf ans permet d’affirmer qu’en terme de santé publique, il est très important que les filles se fassent vacciner. »

 

Le fait que Mme Swennen se soit RADICALEMENT contredite elle-même entre le contenu du rapport du Conseil Supérieur de la Santé qu'elle a cosigné en 2007 sur cette vaccination et ses propos du Vif n'ont visiblement interpellé ni la journaliste, ni même sa rédaction, qui auraient donc pu au minimum, donner droit à une réplique circonstanciée et parfaitement rigoureuse de notre part. Au lieu de cela, ils ont couvert une experte non crédible pour lui éviter un sévère camouflet et ce, avec la triste bénédiction du CDJ semble-t-il.

 

Si tout cela n'est donc pas une énorme tromperie du public, sur base d'une occultation de faits  particulièrement essentiels, on se demande alors vraiment ce que c'est.

 

Et par conséquent, nous devons l'avouer, on a, à ce stade, un certain mal à comprendre la sincérité d'affirmations du CDJ sur l'importance d'un "journalisme pertinent et responsable", de "donner une information citoyenne correcte" ou encore des phrases comme "le journaliste a une responsabilité envers la société à laquelle il s'adresse" etc etc

 

On a aussi du mal à comprendre pourquoi le CDJ a effectué une traduction française des principes de déontologie journalistique, codifiés par le Conseil Journalistique flamand, et qui énonce notamment des principes ostensiblement bafoués ici:

 

"Le respect des autres droits humains fondamentaux imposent aux journalistes des normes desquelles découlent les obligations de:

 

- diffuser des informations véridiques

- recueillir et diffuser une information indépendante

- agir loyalement

- garantir le respect de la vie privée et de la dignité humaine."

 

Autre extrait assez révélateur et  pourtant en totale contradiction avec la décision du CDJ:

 

"Informer dans le respect de la vérité

 

1. Le journaliste recherche la vérité en raison du droit du public à connaître celle-ci.

 

2. Le journaliste ne diffuse que des informations dont l'origine lui est connue.

Il vérifie la véracité des informations. [...]

 

3. Il n'élimine ou ne déforme aucune information essentielle [...]

 

4. Le journaliste indique clairement aux yeux du public la distinction entre ses informations factuelles et son commentaire.  Dans la transmission des informations, le journaliste distingue clairement aux yeux du public les faits, les interprétations, les affirmations et les opinions.

 

5. Le journaliste corrige de façon loyale les informations factuelles pertinentes données erronément.

 

6. Le journaliste donne loyalement le droit de réplique pour corriger ou compléter une information factuelle pertinente. Une demande de réplique ne peut être refusée que pour des raisons sérieuses. "

 

C'est donc peu dire que nous avons été étonnés par une telle décision qui constitue donc, à nos yeux, une occasion manquée de faire coïncider les discours médiatiques du CDJ sur sa mission avec ses décisions concrètes. Mais c'est aussi un risque sérieux de créer un précédent très préjudiciable en matière de gestion des informations dans le domaine de la santé publique en général car dans ce domaine sérieux par excellence, tout citoyen peut comprendre l'énorme sécurité et la plus-value réelle de donner la parole aux différents points de vue (les modes en Science ayant déjà changé si souvent, l'Histoire en témoigne...). Le débat contradictoire, à fortiori quand il est de notoriété publique qu'il existe une controverse scientifique, doit donc faire partie intégrante de toute déontologie journalistique digne de ce nom. A défaut, elle sera boiteuse et la recherche de la vérité n'aura même jamais vraiment commencé.

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