5 juillet 2012- Le Point
6 juillet 1885. Incroyable : le petit Meister sauvé par Pasteur pourrait n'avoir jamais eu la rage.
Derrière l'image d'Épinal du jeune Alsacien sauvé de la mort, il y a un tableau bien plus sombre, pas à la gloire de Pasteur.
Frédéric Lewino et Gwendoline Dos Santos
Ce matin-là Louis Pasteur, 63 ans, a rendez-vous avec l'Histoire, sous la forme d'un petit garçon alsacien de 9 ans. Son nom doit être encore présent dans un coin de votre cerveau. Mais oui, bon sang, bien sûr, il s'agit du petit Joseph Meister que le grand homme guérit de la rage ! Pour le chimiste français (n'oublions pas qu'il n'a jamais été médecin), c'est le début d'une gloire universelle. Il fonde l'institut qui porte son nom. Vive Pasteur ! Vive la France ! Voilà pour l'image d'Épinal. Maintenant grattons. Et si le chien qui a mordu Joseph n'avait pas été porteur de la rage ? Certains l'affirment. D'autres agissements polémiques de Pasteur méritent qu'on s'y attarde.
Voici l'histoire. Le lundi 6 juillet 1885, Pasteur voit donc débarquer dans son labo trois Alsaciens : le petit Joseph, sa mère, Angélique, et Théodore Vonné, l'épicier à qui appartient le chien prétendument enragé. Ils n'ont pas rendez-vous, c'est bien humblement qu'ils se présentent après que le docteur Weber leur a dit que le dernier espoir pour le petit garçon d'être sauvé résidait chez ce Pasteur, dont la rumeur prétend qu'il est sur le point de dévoiler le premier traitement efficace contre la rage. Pas facile pour les trois Alsaciens de trouver l'adresse du chimiste à Paris. Dans toutes les pharmacies, dans tous les hôpitaux où ils se présentent, on refuse de leur indiquer le chemin de l'École normale supérieure de la rue d'Ulm. Personne ne veut prendre le risque de confier le petit Meister à un physicien-chimiste-biologiste pour qu'il joue les apprentis sorciers. Mais, devant l'insistance de la mère désespérée, quelqu'un finit par donner l'adresse.
Cobaye
Pasteur accepte de les recevoir et écoute leur histoire. Deux jours plus tôt, alors qu'il se rend à la brasserie de Meissengott acheter de la levure pour son père, boulanger à Steige, Joseph est attaqué par le chien de l'épicier, Théodore Vonné. Le clébard fou furieux lui inflige quatorze blessures aux jambes avant de lâcher prise et de retourner chez son maître, à qui il met un coup de croc à son tour. Théodore parvient à boucler le monstre, nettoie les plaies du garçon et lui file une pièce pour s'acheter des bonbons avant de le renvoyer chez lui. Allez, ouste ! Le gosse tient à peine debout. Le chien ne se calmant pas, l'épicier l'amène chez le vétérinaire. En route, il croise la maréchaussée qui trouve l'agressivité de l'animal très suspecte. Bang ! Le cabot est abattu sur-le-champ ! C'est probablement depuis cette époque que Brigitte Bardot a la rage contre ceux qui maltraitent les animaux... L'épicier commence à se faire du mauvais sang : et si son chien avait la rage ? Zut ! Lui aussi a été attaqué. Même si la morsure n'a laissé qu'un légère contusion, on ne sait jamais. Le véto confirme que l'animal est enragé, sous prétexte qu'il a trouvé de la paille et du bois dans son estomac. Comme on le verra plus loin, le diagnostic est un peu rapide.
Après avoir consulté le Dr Weber, les parents du gosse décident donc de monter à Paris montrer Joseph à Pasteur. Il s'empresse de rassurer et de renvoyer chez lui Vonné, car il n'a pas de plaie vive. En revanche, il installe le petit et sa mère dans une remise du collège Rollin, rue Vauquelin, à deux pas de son laboratoire. Ça leur coûtera moins cher que l'hôtel, et il les aura sous la main tout en évitant les curieux. Mais Pasteur hésite, jusqu'ici il ne mène ses expériences que sur des animaux. Il l'explique à la mère du gosse, mais celle-ci, croyant son fils condamné, insiste pour que le grand homme s'en serve comme cobaye. C'est une autre époque !
N'étant pas médecin, Pasteur consulte le Dr Vulpian, membre de la commission ministérielle de la rage, et le Dr Grancher, pédiatre de renom, pour l'épauler. Il serait sinon dans l'illégalité. Curieux, d'ailleurs, que son comparse, le Dr Roux, ne soit pas dans le coup. Il se dit qu'il aurait refusé de tester le vaccin sur Joseph, par peur du trop grand risque encouru. Au contraire, Vulpian et Grancher sont enthousiastes et achèvent de convaincre Pasteur de passer à l'action. Au pire un gamin perdra la vie, une broutille à côté de la gloire qui les attend si le vaccin se révèle efficace. Au cours des dix jours suivants, Joseph reçoit treize injections. Chaque fois, les doses sont plus virulentes. Le petit Meister réagit bien. Les semaines s'écoulent sans qu'il développe la rage. Victoire ! Pasteur devient un héros. Pour la première fois une personne n'a pas succombé à la rage, un enfant en prime ! Dans la foulée, le "prince de la science" ouvre l'institut qui porte son nom. C'est la gloire !
Doutes
Pour autant, la faculté de médecine reste enragée contre lui. Mais quel culot, ce chimiste qui n'est ni médecin, ni chirurgien ! Beaucoup restent persuadés que cette première vaccination n'est qu'une supercherie. Comme les précédentes, car Pasteur s'est déjà livré à des essais humains auparavant. Avec un certain Girard, vacciné le 5 mai 1885, dont on ne sait pas grand-chose si ce n'est qu'il aurait guéri. Mais avait-il réellement la rage ? Plus grave, il y a cette Julie-Antoinette Poughon, 11 ans, vaccinée le 22 juin 1885. Elle, au moins, était réellement atteinte de la rage. Mais dès le 23 elle mourait. Qui a retenu son nom ? Son tort est sans doute de ne pas être alsacienne...
Quant à Joseph Meister, a-t-il réellement la rage ? Un grand doute règne à ce sujet. Pour cela, il eût fallu que le chien soit enragé. Or qu'est-ce qui le fait dire à Pasteur ? La présence de bois et de paille dans l'estomac de l'animal. C'est un peu court, jeune homme ! Comme si l'on prétendait que toute chemise entrouverte sur un torse bronzé et velu signale le philosophe. La présence de ces débris curieux est un signe, mais en aucun cas une preuve de rage, comme le fait remarquer le grand clinicien Peter, ennemi juré de Pasteur, à l'Académie de médecine.
Mais le pire reste à venir. Et cela, la mémoire collective ne l'a pas retenu ! Pour vérifier que Meister est bel et bien protégé, Pasteur lui fait une quatorzième injection. Pas d'un vaccin, mais d'une souche virale extrêmement virulente. À filer la rage à un mammouth ! Le docteur Mengele esquisse un sourire dans sa tombe. Une pratique à faire sauter au plafond les comités d'éthique du XXIe siècle. Même nos souris de laboratoires sont presque mieux traitées que Meister. Lequel survit à l'injection, ouf, il est bel et bien vacciné. L'équipe de Pasteur pratique plus de 350 inoculations dans l'année qui suit. Joseph Meister, lui, devint le petit protégé du chimiste qui en fait le gardien de son Institut. En 1940 Joseph se suicide, parce qu'il ne parvient pas à empêcher les soldats allemands de souiller de leur présence la crypte où le corps de Pasteur repose. C'était bien la peine de le sauver. À noter, enfin, que le vaccin antirabique de Pasteur fait long feu. Sa méthode est vite tombée en désuétude dans le monde entier. Pas suffisamment sûre ! On enrage. (Note d'IC: L’erreur commune, source de confusions, est de considérer que ne pas faire long feu est la négation de faire long feu. Il s’agit d’une expression différente, qui ne tire pas son origine du fonctionnement des armes à feu, mais fait référence au feu en général. Elle signifie « ne pas durer longtemps »)
Frédéric Lewino et Gwendoline Dos Santos
Source: Le Point
En fait, pour ceux qui ont déjà un petit peu lu sur Pasteur, ces données ne sont pas une nouveauté : Pasteur était un homme de salon, avec beaucoup de relations mais il est aussi décrit comme un tricheur et un faussaire qui avait surtout beaucoup de talents pour voler les idées des autres, les reprendre à son compte et aussi pour maquiller les données gênantes de ses travaux.
Que cet homme ait ainsi été complice d’expérimentations humaines contestables à « faire sourire Mengele » comme semble dire cet article, n’a donc pas grand-chose de surprenant.
Cet article démontre aussi, outre ce manque flagrant d’éthique, la fragilité extrême des fondements mêmes de la pratique vaccinale. Ce qui s’est produit avec la supposition légère et vraiment peu rigoureuse que le chien était enragé, se reproduit en fait sans cesse, encore aujourd’hui, avec l’enthousiasme aveugle des partisans des vaccinations à tous crins qui font le choix particulièrement lourd de conséquences de se mettre continuellement la tête dans le sable, à chaque échec et chaque effet secondaire grave de vaccins ! C’est ainsi que les affirmations officielles sur les vaccinations demeurent des affirmations simplistes mais surtout gratuites et contraires à plusieurs recherches solides. Rien n’a donc changé depuis Pasteur et la vraie Science est donc toujours autant « contorsionnée » et mise à mal, tandis que la crédulité publique et la peur des gens constituent encore et toujours le seul terreau fertile pour ce genre de marketing politico-commercial.
Ce qui est finalement le plus incroyable, c’est qu’un journal officiel ait osé publier un tel article, qui va tout à fait à l’encontre du « politiquement correct » et de la mythologie vaccinale bien pensante qui tient pourtant dur comme fer à ses (faux) héros. Mais oui, un indice ne trompe pas, ce genre d’articles n’a sans doute pu passer qu’à une seule condition : grâce à la rubrique « C’est arrivé aujourd’hui », l’article ayant été publié un 5 juillet pour le lendemain (en souvenir du 6 juillet 1885…). Sans ce genre de rubriques en effet, il est immensément probable que cela aurait été "éditorialement refusé".