Dans un rapport de 201 pages intitulé "Santé et dérives sectaires" que la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) vient de sortir, on peut lire une page humoristique sur la vaccination (cfr pages 143 à 147 mais tout spécialement pages 146 et 147).
Deux pages totalement à côté de la plaque concernant le refus de vaccinations, ses véritables raisons et sa légitimité.
Après un Xième rappel des textes d'obligation (qui ne sont pas en soi, une preuve de la légitimité médico-scientifique ou d'un rapport bénéfices/risques clairement favorable), on peut notamment lire ceci:
« Dans tous les cas, le refus de toutes les vaccinations pour un enfant doit alerter le professionnel de santé. L’attitude des parents peut constituer un indice de dérive sectaire préjudiciable à l’enfant. Certains mouvements sectaires prônent en effet le refus de tout type de vaccination (voir la fiche 1-4).
D’autres indices sont alors à rechercher pour déterminer la conduite à tenir. Le professionnel de santé pourra se poser les questions suivantes:
• La croissance staturo-pondérale, le développement physique, psychomoteur et affectif de l’enfant apparaissent-ils inquiétants ?
• Le régime alimentaire choisi par les parents est-il inspiré par une méthode non éprouvée ?
• Ce régime implique-t-il la suppression totale de certains aliments pour des raisons non médicales ?
• Le rythme de vie imposé à l’enfant peut-il nuire au repos et au temps de rêverie et de jeu nécessaires à son épanouissement ?
Face à un éventuel refus des parents ou à une divergence de points de vue, le professionnel de santé doit s’efforcer de les convaincre, proposer un autre avis médical et les informer du danger encouru par l’enfant. Il doit s’attacher à convaincre les parents d’une décision qu’ils répugnent à prendre car elle heurterait leurs convictions.
En cas de persistance des parents dans leur choix présentant un risque pour le mineur, il peut en aviser le procureur de la République qui saisira au besoin le juge des enfants pour que celui-ci prenne une mesure d’assistance éducative dès lors que la santé, la sécurité ou la moralité d’un mineur non émancipé est en danger.
Face à un mineur ou à une personne qui n’est pas en mesure de se protéger en raison de son âge ou de son incapacité physique ou psychique, le professionnel de santé adressera un signalement:
- aux Services du Conseil général ;
- au procureur de la République près le tribunal de grande instance du lieu de résidence habituel du mineur. Une permanence est assurée 24 heures sur 24.
En urgence, le magistrat peut intervenir pour prendre toute mesure conservatoire et notamment le « placement » du mineur.
Les commissariats de police et brigades de gendarmerie disposent de la liste des magistrats de permanence et de leurs coordonnées téléphoniques.
Pour obtenir des conseils sur les démarches à entreprendre, le professionnel de santé peut également appeler le 119, Service national d’accueil téléphonique pour l’enfance en danger (SNATED)– no d’appel gratuit. »
La Miviludes, cette bonne vieille "machine à conformer", ne sert donc ici à rien d'autre qu'à amalgamer les personnes réticentes à des personnes sectaires ou à des mouvements religieux, de façon à glisser ainsi plus aisément sous le tapis les très dérangeantes raisons médico-scientifiques de refuser les vaccins!
Cette technique d'évitement est classique de la part du système et c'était du reste aussi celle qui avait été adoptée par le Pr Marc Girard, virologue de l'Institut Pasteur et également consultant pour l'OMS (à ne pas confondre avec l'autre MG), qui avait ainsi osé affirmer dans une interview radio de 2009 destinée à relancer la vaccination anti-hépatite B, que "les ligues anti-vaccinales, il y en a partout dans le monde, aux Etats-Unis, elles sont aussi très virulentes, essentiellement d'origine religieuse d'ailleurs." Outre qu'il s'agit majoritairement d'associations défenseuses d'une liberté et d'une juste information vaccinale, il faut rappeler que l'énorme majorité d'entre elles n'ont aucun fondement religieux!
Mais il faut dire qu'à la question qu'on lui posait sur l'unique argument qu'il donnerait aux patients ou aux médecins pour les convaincre de l'"intérêt" de la vaccination anti-hépatite B, ce professeur a répondu sans rire "moi j'ai été un des des premiers à me faire vacciner"!C'est ce qui s'appelle avoir l'esprit scientifique...
La réalité en matière de refus vaccinal, c'est que l'immense majorité de ceux-ci n'ont absolument rien à voir avec des raisons religieuses mais plutôt avec le degré d'information, les personnes refusant toutes les vaccinations ayant souvent passé un temps accru (par rapport aux autres) à s'informer de façon très rigoureuse et approfondie, avant d'en arriver à ce genre de décision mûrement réfléchie.
Certes, il existe toujours la possibilité que des membres de sectes puissent choisir de refuser la vaccination pour des motifs religieux mais ce n'est absolument pas la majorité des cas et il faut aussi rappeler à l'inverse que la plupart des membres de sectes n'ont aucune objection particulière aux vaccinations.
En 2006, l'Agisdes (Association du groupement d'intérêt scientifique en droit européen de la santé) rendait le rapport que le Ministère français lui avait commandé et qui qui s'intitulait "Droit, éthique et vaccination: l'obligation vaccinale en question" (sous la direction de Michel Béranger, aux éditions Hospitalières). On pouvait notamment y lire que: « La résistance aux vaccinations est un phénomène plutôt laïc [et non de nature sectaire, NDLA], qui trouve son origine dans les accidents de la vaccination. Les organisateurs et les militants (des associations) étant proches de victimes ou de médecins ayant vécu une expérience négative. »
Ceci suffit donc déjà à démontrer la partialité de la Miviludes d'une part et ses objectifs non avoués d'autre part. Cela constitue donc en cela une sorte de "contrefort" au positionnement idéologique fort d'une instance comme l'Ordre des Médecins qui incite lui aussi au signalement au Procureur de la République et aux mesures d'assistance éducative en cas de refus de vaccination.
Dans un témoignage très utile, un papa raconte d'ailleurs justement comment il a abouti INUTILEMENT chez le juge des enfants avec des suspicions suscitées par les critères grotesques comme ceux évoqués ci-dessus. Mais d'autres parents comme Stéphanie et Rémi Guéret aussi ont abouti chez le juge des enfants après qu'on les ait dénoncés comme "mauvais parents" auprès des services sociaux de l'Isère.
Ces instances prétendument "antisectes" cachent surtout d'autres objectifs d'ordre commerciaux et d'ordre monopolistique (contribuant ainsi à l'idée fausse que "les vaccins sont LE SEUL VRAI moyen de prévention").
Le président de la Miviludes, Georges Fenech, membre de l'UMP à qui François Fillion a confié cette chasse aux sorcières, détient un triste passé judiciaire et politique puisqu'outre une condamnation du Conseil Constitutionnel à un an d'inéligibilité suite à des anomalies dans ses comptes de campagne, il a également été reconnu coupable d'injures publiques raciales et poursuivi pour recel d'abus de biens sociaux. Sa nomination à la tête de la Miviludes en 2008 explique sans doute sa relaxe en 2009 alors que le parquet avait pourtant requis 6 mois de prison avec sursis à son encontre...
Voir aussi cet autre article sur la Miviludes sur le site d'Ouvertures
Info du 8 juin 2012: Nouvelle condamnation pénale de Georges Fenech.
Info du 14 juillet 2012: Georges Fenech a démissionné mais la Miviludes sévit toujours