C'est ce que disait Jean-François Julliard, secrétaire général de Reporters sans Frontières (RSF) le 25. 05. 2011 dans le Nouvel Observateur.
Cette interview est des plus intéressantes et bien entendu, Initiative Citoyenne adhère totalement aux propos pleins de bon sens de Monsieur Julliard.
Si nous avons pensé utile de reprendre ici, in extenso, cette interview, c'est parce qu'elle est en terme de bon sens l'exact opposé de la volonté de l'OMS de faire de la vaccination un droit fondamental.
Là où la protection d'un Internet libre et neutre ne peut nuire à personne, l'assimilation de la vaccination à un droit fondamental contribue justement à laisser croire que les bienfaits de celle-ci seraient, une bonne fois pour toutes, indiscutables, ce qui consiste en fait à évincer cette indispensable notion de débat scientifique dyamique et contradictoire (la vaccination étant contestée au sein même du monde scientifique depuis plus de 200 ans!) et ne peut donc, par défaut d'information, que déboucher sur une obligation de fait...
Or, l'OMS l'a déjà montré plus d'une fois: elle n'aime pas du tout les informations contradictoires qui circulent sur Internet et tout particulièrement en matière de vaccination.
Songeons par exemple au fiasco du H1N1 que l'OMS a osé attribué à Internet, mais déjà avant cela, on pouvait sentir toute l'aversion de l'OMS pour Internet en matière de vaccination. Alors que l'OMS n'a cessé d'alarmer inutilement le monde pour écouler des vaccins, elle écrivait, non sans un certain humour, ceci dans un article intitulé "Pas de vaccins pour les alarmistes":
"Des appréhensions à propos des vaccins demeurent et continuent de nuire à la très grande efficacité de cette mesure de santé publique. [...] Internet est devenu un canal important pour la diffusion des opinions contre la vaccination. YouTube, site de partage de vidéos, offre une pléthore de clips contre la vaccination. Internet est également devenu un forum pour les praticiens des médecines alternatives qui y présentent leurs idées contre la vaccination et font la promotion de produits de remplacement.[...] Les craintes contre la vaccination ont des effets nuisibles durables." et l'OMS de citer comme référence (!) un certain Paul Offit, personnage très lié à l'industrie du vaccin et conseiller officiel auprès du gouvernement américain, selon lequel il n'y aurait aucun problème à administrer même 10 000 vaccins à la fois. No comment....
Interview de J-F Julliard dans le Nouvel Obs:
Depuis le forum eG8, Jean-François Julliard, secrétaire général de Reporter sans frontières, rappelle "qu'un tiers des internautes est aujourd'hui censuré". Interview par Boris Manenti.
Quel message adressez-vous aux chefs d'Etats et de gouvernements du G8 ?
- Une seule recommandation : inscrire le droit à un Internet libre comme droit fondamental. Cela passe avant tout le reste : avant la régulation, avant les échanges économiques sur Internet, avant la défense de la propriété intellectuelle... Je crois que les gouvernements du G8 ne se rendent pas compte de la tendance actuelle : aujourd'hui, un internaute sur trois n'a pas accès à un Internet libre. Ce n'est pas une exagération. Un tiers des internautes est aujourd'hui censuré !
Avant de parler du reste, avant de parler régulation, on doit trouver les moyens de garantir un Internet libre. Je ne sais pas quelle est la bonne formule : inscrire ce droit dans la Constitution, dans des lois, dans des traités internationaux, etc.
Que pensez-vous de cet eG8 ?
- C'est bien de l'avoir fait, parce que cela permet de réunir des gens qui ne se rencontrent pas autrement. Mais je trouve regrettable qu'on ait beaucoup plus entendu parler de point de croissance, de compétitivité, de productivité, que de défense de la démocratie ou de promotion des libertés fondamentales. Il faut attendre le deuxième jour de ce sommet pour parler des gens qui sont emprisonnés parce qu'ils utilisent Internet. J'aurais aimé que Nicolas Sarkozy le rappelle dans son discours d'introduction, et que les dirigeants des grandes entreprises qui font des profits grâce à Internet le disent aussi.
Vous participiez à un atelier consacré à "Internet comme nouvel outil de liberté". À quel moment le réseau est-il devenu un tel outil ?
- Je crois que les réseaux sociaux ont changé beaucoup de choses. Mais ce qui a tout changé, ce sont les révolutions tunisiennes et égyptiennes. Pour la première fois, les chefs d'Etats se sont dits que des gens aidés par Internet peuvent renverser un régime. Cela change la donne. Jusque là en Iran, en Chine ou en Birmanie, cela restait des petits mouvements réprimés par les Etats. Pour la première fois, le mouvement a abouti. Ça oblige les chefs d'Etats du G8 à tirer leçon de cette expérience-là, ça change la politique. Nicolas Sarkozy est intervenu en Syrie et en Libye alors qu'il n'avait rien fait pour soutenir les dissidents tunisiens.
Y aurait-il eu un eG8 sans les révoltes arabes ?
- Peut-être pas. Je pense que Nicolas Sarkozy s'est rendu compte de la puissance d'Internet avec les révolutions tunisienne et égyptienne. Jusque-là, Internet restait pour lui une sorte de gadget utilisé par des dissidents et des blogueurs exotiques.
Dans le dernier classement de RSF, vous avez placé la France comme pays "sous surveillance" en matière d'Internet. La tenue d'un tel eG8 va-t-elle changer la donne ?
- Oui, cela change les choses. Après, est-ce que c'est un vrai engagement ? Il faudra voir si le discours est suivi de faits. C'est très bien de s'engager pour la défense de la liberté en Syrie ou en Libye mais il faut qu'on le fasse aussi en France. Pour l'instant, c'est un discours politique. Ca compte, mais il faut qu'il soit suivi de faits.
De "faits" ?
- Par exemple, l'abrogation de la loi [anti-téléchargement illégal] Hadopi, de l'article 4 de la loi Loppsi [qui instaure un filtrage sur Internet, NDLR], et tout ce que l'on a dénoncé. Ce serait de dire que l'on peut protéger le droit d'auteur sans pour autant nuire à la liberté d'expression.
Interview de Jean-François Julliard, secrétaire général de Reporter sans frontières, par Boris Manenti - Le Nouvel Observateur
Mercredi 25 mai 2011