« Syndrome du bébé secoué » : croire ou savoir ?
Par Rosa Klein-Baer, 16 mai 2014
Le mois dernier, Jennifer Del Prete a été libérée sous caution après avoir purgé près de la moitié d’une peine de 20 ans de prison pour le meurtre d’un enfant dont elle avait la charge.
Del Prete – une gardienne sans antécédents de violence qui a maintenu être innocente depuis son accusation – avait été reconnue coupable d’avoir secoué un enfant de 4 mois, Isabella Zielinski, et qui est tombée inconsciente alors qu'elle en avait la charge. Isabella ne s’est jamais réveillée de son coma et est morte à l’hôpital dix mois plus tard. Les procureurs ont insisté sur le fait qu’il s’agissait d’un cas classique de syndrome violent et intentionnel de bébé secoué (SBS), et qu’ils avaient des experts médicaux pour le prouver.
Cependant, Matthew Kennelly, le juge de district américain qui a ordonné la libération de Del Prete, ne fait pas du tout confiance au verdict de SBS (Syndrome du bébé secoué). Il n’est pas convaincu que les symptômes typiques utilisés pour diagnostiquer un cas de SBS soient suffisants pour prouver qu’une personne est coupable d’abus ou d’assassinat d’enfant.
Dans un document très complet de 97 pages, le juge Kennelly attire l’attention sur le fait que la science traitant du « syndrome du bébé secoué » est à ce point controversée qu’il va jusqu’à suggérer : L’affirmation qu’il s’agit du syndrome du bébé secoué relèverait davantage de la foi que d’une proposition de la science.
La décision du juge Kennelly est révolutionnaire, car elle condamne pour la première fois le diagnostic de SBS comme peu fiable, pourtant utilisé au cours du premier jugement. C’est aussi ce diagnostic qui a été utilisé pour condamner des centaines de personnes accusées d’abus et d’assassinats d’enfants. Depuis 1990, plus de mille cas de SBS ont été présentés devant les tribunaux. Entre la moitié et les trois quarts de ces cas se sont appuyés sur la triade de symptômes SBS comme seule preuve médicale.
Pendant des décennies, cette triade – hémorragie sous-durale (hémorragies à la périphérie du cerveau), hémorragie rétinienne et œdème du cerveau – a été utilisée par les procureurs comme preuves irréfutables pour préciser virtuellement tous les aspects importants de l’affaire : comment l’enfant est mort (enfant secoué violemment), quel en est l’auteur (la dernière personne qui s’est occupée de l’enfant), ainsi que l’état d’esprit du meurtrier sur la scène du crime (furieux, avec intention).
On a supposé que – à l’exception des accidents de voiture ou de la chute à partir d’un immeuble – la seule chose qui pouvait provoquer pareilles hémorragies internes, ainsi que des oedèmes du cerveau ne pouvait s’expliquer que si la dernière personne qui avait la garde de l’enfant l’avait violemment et délibérément secoué.
D’autres symptômes physiques tels que contusions et coupures auxquels on pourrait s’attendre dans les cas extrêmes d’abus n’étaient en fait pas nécessaires pour l’établissement d’un verdict de culpabilité. Il n’était pas non plus nécessaire qu’il y ait eu des témoins. Un degré énorme de foi dans les principes scientifiques qui établissaient la triade signifiait que, elle seule (la triade), avait le pouvoir de déterminer une culpabilité.
Tout ceci est troublant pour plusieurs raisons et non des moindres puisque la science qui sous-tend cette triade est remise en question. Beaucoup de médecins reconnaissent aujourd’hui que les mêmes symptômes qui autrefois étaient utilisés pour conclure définitivement que le SBS avait bel et bien eu lieu, pourraient en fait être causés par d’autres éléments comme des infections et des troubles de la coagulation. D’autres chercheurs ont contesté l’hypothèse qu’il était nécessaire que l’enfant soit secoué violemment et intentionnellement pour que ces symptômes aient lieu.
Plus important encore, le cas Del Prete nous rappelle la vulnérabilité du système de justice pénale et nous oblige à nous interroger sur notre propre compréhension des théories scientifiques qu’il nous arrive de prendre pour des « faits ».
La notion que les idées sont toujours susceptibles de faire l’objet de controverses ou d’être sujettes à changement se trouve au cœur même de la science. Pourtant ce principe essentiel n’a pas été retenu au cours du premier procès de Del Prete, comme au cours de centaines d’autres procès semblables au cours desquels on a estimé que la théorie relative au SBS était suffisante pour envoyer quelqu’un en prison. En faisant confiance à cette théorie de la triade comme étant une preuve évidente de culpabilité, nous faisons dépendre les vies de centaines de personnes d’une seule idée – une idée que l’on arrive maintenant à considérer fausse.
Le cas de Del Prete peut nous apprendre beaucoup sur la controverse qui entoure le SBS. Il nous montre combien il est important et crucial que la preuve ne soit pas exclusivement basée sur une seule idée. La théorie est importante, mais trop compter sur elle serait comme faire confiance à un seul témoin, alors que d’autres n’auraient strictement rien à déclarer à charge. Les choses doivent être vues de manière complète au cours des jugements, faute de quoi le principe « innocent jusqu’à démontré coupable » perd tout son sens.
Source : care2.com
« Je n’ai aucun doute que cette affaire du « bébé secoué » finira un jour par être enregistrée comme l’une des pires pages de l’histoire de la pédiatrie. » Dr A. Kalokerinos
Voir aussi :
Syndrome du bébé secoué & vaccinations : parents et gardiennes sont parfois accusés à tort
Danger: des vaccins qui déclenchent le syndrome du bébé secoué
Nexus n°92, mai-juin 2014 : Bébé secoué : un diagnostic abusif ?
Syndrome du bébé secoué: un diagnostic abusif?
De dangereux vaccins peuvent provoquer les symptômes du bébé secoué
Une police endoctrinée poursuit des parents pour protéger les vaccins
Les effets secondaires des vaccinations et les fausses accusations détruisent des familles
Syndrome du bébé secoué (Dr Mercola)
http://www.wellwithin1.com/shakenbaby.htm
http://www.whale.to/vaccines/innis_h.html
http://www.whale.to/vaccine/yazbak_sbs.html
http://www.whale.to/v/buttram1.html