"Eliminate", initiative conjointe de Kiwanis et de l'Unicef, est un Xième projet prétendument philanthropique: éradiquer le tétanos maternel et néonatal (TMN) et sauver de la mort les 60 000 enfants et les 30 000 femmes qui y succombent chaque année dans les pays pauvres. Il y a encore quelques jours, la Tribune de Genève relayait ainsi l'appel aux fonds de Kiwanis.
Toutefois, la question à se poser est: comment s'y prend-t-on? Et quelle est l'honnêteté sous-jacente aux belles promesses qui sont faites, tant aux donateurs qu'aux populations locales?
Car Kiwanis ne se gêne visiblement pas en matière d'affirmations tapageuses. Extraits:
"Kiwanis et l'UNICEF s'associent pour sauver la vie de 129 millions de mères et de nouveau-nés "
"Pour pouvoir faire disparaître le TMN de la planète d’ici à 2015, il est indispensable de vacciner 129 millions de mères et leurs futurs enfants. Pour cela, il faut des vaccins, des seringues, des lieux d’entreposage adaptés, des moyens de transport, des milliers de personnes spécialement formées et bien plus encore. Cent dix millions de dollars seront nécessaires – complétés par le travail opiniâtre de l’UNICEF et de chacun des membres de la famille Kiwanis. "
« Kiwanis estime qu'aucun bébé ni aucune mère ne devrait avoir à souffrir des effets dévastateurs du TMN », a déclaré le président de Kiwanis International Paul Palazzolo.
"Le TMN peut être aisément prévenu par l'administration de trois doses de vaccin (pour un coût approximatif de 1,80 USD) aux femmes en âge de procréer. Grâce au programme The Eliminate Project (le projet Éliminate) : Kiwanis doit lever 110 millions USD au cours des cinq prochaines années pour combler le déficit de financement nécessaire à la fourniture de quelque 387 millions de doses de vaccin afin d'éliminer le tétanos maternel et néonatal. "
"Le projet Éliminate fournira des vaccins salutaires aux femmes et aux enfants les plus vulnérables au monde : ceux vivant dans des régions reculées et difficiles d'accès, des zones en conflit et où l'accès aux soins médicaux est limité."
« Grâce à l'aide de Kiwanis, nous allons pouvoir vaincre le tétanos maternel et néonatal », a déclaré la présidente et PDG du Fonds américain pour l'UNICEF Caryl Stern.
"Le projet Éliminate permettra non seulement de protéger les femmes et leurs bébés contre le tétanos, mais aussi de donner aux personnes les plus vulnérables au monde accès à l'eau propre, l'alimentation et à d'autres vaccins et services. "
On remarquera tout d'abord l'odieuse confusion -volontaire sans doute- entre le nombre de personnes à vacciner (129 millions) et le nombre de vies à sauver (129 millions!), ce qui reviendrait, de façon absolument non crédible, à prétendre que chacune de ces personnes aurait contracté un tétanos si elle n'avait pas été vaccinée!! On voit aussi mal comment on sauverait "des millions de vies" du tétanos au vu des chiffres actuels de 30 000 et de 60 000 cas annuels de tétanos maternel et néonatal?! Ce serait donc sauver plus de gens qu'il n'y a de cas en réalité...absurde!
Mais le discours , de type émotionnel, laisse aussi à penser de façon trompeuse que cette vaccination serait à 100% efficace et sous-entend clairement que les mères et les enfants ainsi vaccinés ne pourraient en aucun cas faire partie de ces victimes malheureuses du tétanos. C'est en tout cas très clairement le sens du discours de Kiwanis puisqu'ils prétendent pouvoir "vaincre" ou "faire disparaître" le tétanos maternel et néonatal d'ici 2015 alors que la terre est hélas un réservoir inépuisable de bactéries tétaniques et que la vaccination n'est dirigée que contre la toxine qu'elle sécrète et non contre la bactérie elle-même.
Or quant est-il de l'efficacité réelle de la vaccination antitétanique contre la toxine tétanique?
Les trois doses par femme évoquées sont-elles vraiment un gage fiable de protection pour elles et leurs enfants? Ou bien s'ajoutent-elles à beaucoup d'autres doses déjà reçues à l'abri des médias par la plupart de ces femmes qu'on pique et repique pour mieux masquer les échecs et les limites de ce genre de politique?
Voici à ce sujet quelques extraits éclairants du livre "Vaccinations, les vérités indésirables" du biologiste Michel Georget aux éditions Dangles, un livre qui regorge de références scientifiques de façon à ne rien expliquer ou exposer sans base scientifique solide (nous invitons d'ailleurs nos lecteurs à vérifier dans ce livre pour ne pas avoir à recopier l'entièreté des références utilisées par Michel Georget):
"Chez les enfants: pour protéger les nouveaux-nés du tétanos néonatal, l'idée est de vacciner les mères avant ou pendant leur grossesse de telle sorte que leurs anticorps traversent le placenta et se retrouvent chez le nouveau-né dès sa naissance. Or, malgré cela, le tétanos néonatal se rencontre même lorsque les mères ont un taux élevé d'anticorps. C'est ce que révèle une communication faite en 1991 à propos de 10 cas de tétanos chez des nouveaux-nés à l'hôpital de Dar es-Salaam en Tanzanie. Cette étude a été entreprise parce que le tétanos néonatal représente encore un grave problème dans ce pays en dépit d'un programme intensif de vaccination pendant la grossesse. Le tableau ci-dessous est extrait de cet article:
Ainsi, sur les 10 cas étudiés, 9 avaient un taux d'anticorps protecteur, seul le 10° était en dessous du seuil (bien que sa mère ait reçu une dose) alors que le N°2 (mère non vaccinée) avait un taux proche de 4 fois le seuil de protection. Dans tous les autres cas, les mères avaient reçu, pour l'ensemble de leurs grossesses, entre 1 et 14 doses et présentaient des taux d'antitoxine de 7 à plus de 400 fois le taux protecteur. L'article se termine ainsi: "Le programme pour prévenir le tétanos néonatal devrait éviter l'hyperimmunisation des femmes [parce qu'elle peut ne pas être protectrice et causer fréquemment des réactions allergiques.] En plus du programme d'immunisation, l'éducation et la formation à l'hygiène demeurent d'une importance vitale."
Michel Georget poursuit:
"Il est certain que l'hygiène est la clef de tout. L'illustration en était déjà donnée en 1975 par Masar lors de la conférence de Dakar au cours de laquelle il déclarait: "Après la Première Guerre mondiale (en Tchéco-slovaquie), la morbidité tétanique chez le nouveau-né était absolument énorme. [...] Sans immunisation active, la morbidité a été réduite à peu près à zéro, simplement en améliorant les soins à la mère et à l'enfant nouveau-né." "
L'importance de l'hygiène est confirmée dans une brochure de l'OMS qui, tout en martelant la nécessité de la vaccination des femmes enceintes, fait une place de choix à l'accouchement hygiénique: "Avant l'application généralisée de la vaccination à l'anatoxine tétanique, ce fut tout simplement grâce à l'accouchement hygiénique que la plupart des pays développés ont ramené l'incidence du tétanos néonatal à un chiffre proche de zéro. [...] En 25 ans, grâce à la stratégie des "trois propres" -propreté des mains, propreté du cordon ombilical et propreté de la table d'accouchement- la Chine a réduit de 90% le nombre estimé de décès par le tétanos néonatal."
Le même succès a été obtenu en Haïti où un programme de formation d'accoucheuses traditionnelles a été entrepris au début des années 40'. Le tétanos néonatal avait diminué de moitié dès le milieu des années 50' et de 70% quand a commencé la vaccination des femmes.
Pourquoi ne pas accentuer les efforts de formation à l'accouchement hygiénique partout dans le Tiers-Monde puisque l'OMS ajoute: "L'avantage de l'accouchement hygiénique sur la vaccination à l'anatoxine tétanique est qu'il diminue l'incidence de toutes les infections infantiles." (le mot "toutes" est en caractères distinctif dans le texte). En mai 1989, l'Assemblée mondiale de la santé adopta une résolution prévoyant l'élimination du tétanos néonatal pour 1995. "
En ce qui concerne les adultes, Michel Georget rappelle notamment ceci:
"Lors de la conférence de Leningrad (1987), Masar rappelait qu'en Slovaquie, près de 90% de la population était immunisée avec 3 doses de vaccin antitétanique. Malgré cela, un suivi de 1978 à 1986 a montré que sur 28 cas de tétanos, 20 étaient vaccinés et 2 sont morts en dépit d'une dose de rappel." ou encore ceci:
" Les cas rapportés par Crone et Reder sont plus curieux encore. Ils décrivent les cas de trois patients ayant des titres élevés d'anticorps antitétaniques et atteints d'un tétanos sévère et généralisé. Passons sur le cas d'une patiente ayant fait deux tétanos à un an d'intervalle et qui mourut malgré un taux d'anticorps de 0,15UI/ml. On admettra volontiers que sa toxicomanie ait aggravé son état. La deuxième patiente, une femme de 57 ans, avait reçu une injection de rappel un an avant son admission à l'hôpital pour tétanos (taux d'anticorps 0,2UI/ml). Elle resta intubée 2 mois après trachéotomie. Quant au troisième patient, un homme de 29 ans, il avait reçu une immunisation complète à l'armée 10 ans auparavant et, 51 jours avant de développer les signes du tétanos, il avait été hyperimmunisé dans un centre de donneurs de plasma en vue de produire une immunoglobuline tétanique commerciale à partir de son sérum. Son taux d'anticorps avait été mesuré chaque semaine à quatre reprises; il se situait entre 14 et 33UI/ml, soit en moyenne 2500 fois le seuil de protection. Malgré cela, son état nécessita une trachéotomie, une ventilation assistée, une injection chaque heure d'une drogue paralysante pendant 5 semaines et demie et, ironie du sort, l'injection d'immunoglobuline antitétanique humaine."
Cet éclairage nous permet déjà de nous rendre compte du manque d'objectivité dont font preuve Kiwanis et l'Unicef dans le cadre de cette campagne racoleuse.
En outre, Kiwanis évoque dans le cadre de son projet conjoint avec l'Unicef la fourniture de "vaccins salutaires", une appellation qui n'engage que ceux qui les croient, quand on sait que l'aluminium contenu dans tous "leurs vaccins salutaires" vient de faire l'objet d'une demande de moratoire de la part du groupe parlementaire français sur la vaccination en raison des risques neurologiques d'une telle substance!!
Comme un document médical belge sur la vaccination antitétanique spécifie aussi:
"un traitement excessif (entendant notamment un rappel vaccinal superflu) mènera à une sur-immunisation et générera des coûts inutiles". D'où qu'ils préconisent une évaluation individuelle du taux d'anticorps par un test rapide (bien qu'il y aurait encore matière à discuter de la pertinence même d'avoir des anticorps dès lors que la maladie elle-même n'en initie normalement pas la production.)
Voilà donc le problème: au cours de cette opération prétendument philanthropique, nombre de femmes déjà vaccinées et revaccinées se feront encore revacciner car elles ne bénéficieront bien entendu pas au préalable d'un screening sérologique individuel, avec le risque d'être hyperimmunisées, de souffrir d'effets secondaires et que cela n'entraîne des coûts négatifs et donc un effet tout à fait pervers. De cela ce genre de campagne ne parle évidemment jamais.
Or c'est pourtant fondamental: payer en croyant aider alors qu'on peut finalement contribuer à nuire à ces populations n'est pas une éventualité à prendre à la légère ou avec fatalisme.
C'est souvent la résultante de campagnes simplistes voire trompeuses. Et c'est clairement au citoyen donnateur qu'il devrait incomber la responsabilité de vérifier concrètement les implications possibles de ce à quoi il contribue financièrement.
Car force est de constater que la logique des priorités reste souvent galvaudée en matière humanitaire: des millions de gens qui restent sans eau potable alors que les frigos à vaccins de leurs localités ne sont, eux, jamais vides; des millions de dollars ou d'euros dépensés dans des campagnes vaccinales alors que des mesures moins iatrogènes d'éducation et de formation ne sont pas financées, donnant ainsi à tort une image simpliste de ce que doit être une politique de prévention sanitaire globale etc
Or une fois encore, c'est la voie du simplisme qui est choisie ici: investir dans une approche passive qui ne tient, en plus, aucun compte du risque et des conséquences potentiellement gravissimes des effets secondaires sur les familles.
Des vaccins aluminiques suscitant de plus en plus de critiques en Occident sont ainsi présentés comme "des vaccins salutaires" à ces populations locales, refaisant inévitablement penser aux vaccins H1N1 indésirables en surplus qui furent largués de façon complètement irrationnelle dans ces pays du Tiers-Monde, au grand dam de gens comme le Pr Gentilini.
En pensant aider ces pays, nous ne faisons le plus souvent qu'exporter nos absurdités politiques de gestion de la santé publique: donner la priorité au vaccin sur l'éducation et la formation des personnels aux accouchements hygiéniques, exactement comme nos Ministres ont donné la priorité au très controversé vaccin HPV sur le frottis de dépistage, plus efficace, plus sûr et surtout bien plus rentable!
En outre, les stratégies de pressions de l'OMS et de l'Unicef, consistant à glisser l'acte vaccinal non indispensable au sein d'un ensemble de mesures plus essentielles, est aussi ici de rigueur. Tout cela sans doute, de façon à conditionner le public au caractère faussement essentiel de la vaccination en général et à forcer la main aux populations locales.
Des techniques bien rôdées et très utilisées, en Occident aussi, où par le truchement des remboursements et des combinaisons de vaccins disponibles, on ne cesse de forcer la main aux parents pour favoriser toujours plus les vaccins multivalents, décidément bien commodes en cas d'effets secondaires (et qui font dire aux officiels "pas de chance, il est impossible de dire quelle est la valence en cause!").