Un vaccin contre la démocratie ?
Alain Faniel
Mis en ligne le 21/09/2009
Pourquoi préparer un tel plan catastrophe pour une grippe plus contagieuse que dangereuse ?
100 millions d'euros pour les vaccins et beaucoup d'ombre. Que cache la "loi d'exception" ?
La Libre Belgique" du 27 août 2009 a rapporté les propos tenus la veille par la ministre fédérale de la Santé.
Celle-ci avait invité la presse pour faire le point "en toute transparence sur les moyens mis en œuvre pour combattre la grippe". Parmi ceux-ci, une "loi d’exception" déposée sous peu au Parlement.
Le projet en a été entériné par le gouvernement fédéral le 17 juillet 2009. Il doit permettre "d’agir vite et efficacement" en prenant des arrêtés royaux motivés par l’urgence. Pour quoi faire ? Réquisitionner du personnel non médical, par exemple pour une campagne de vaccination massive dans les écoles (1). Faire appel à l’armée pour distribuer les vaccins. Augmenter le nombre de dons de sang annuels autorisés. Donner aux communes accès à la banque de données fédérale de la santé pour réquisitionner des médecins
L’ampleur de ces dispositions peut surprendre. Mais la Belgique a commandé à GSK 12,6 millions de doses de vaccin pour un montant de cent millions d’euros. Il faudra bien les écouler ! Quoique. Les premiers lots devraient arriver sous peu, mais pas question d’administrer le vaccin "avant d’avoir reçu le feu vert européen", attendu vers la mi-octobre.
Ne met-on pas la charrue avant les bœufs ? La rentrée de septembre devrait favoriser une rapide contagion, mais le vaccin ne pourra pas être utilisé avant la mi-octobre ! Et si l’Europe ne donnait pas son accord ? La question ne semble pas envisagée. En revanche, les cent millions d’euros seront sans doute dépensés. En effet, la Ministre "a invoqué la confidentialité du contrat conclu avec GSK" (2) pour refuser de dire si l’Etat serait en partie remboursé en cas de non utilisation d’une partie du stock de vaccins.
L’intention des autorités françaises d’imposer le vaccin à toute la population a suscité de nombreuses réactions. Rien de tel chez nous. Rassurez-vous, bonnes gens : "Le vaccin, qui sera gratuit, ne sera pas obligatoire en l’état actuel". En l’état actuel, donc, on évite toute polémique. Mais qui nous dit qu’il n’y aura pas, au plus fort de la crise, un changement d’attitude ? Ne risque-t-on pas, à ce moment-là, d’étouffer les voix discordantes au nom de la raison d’Etat ?
Car enfin, une "loi d’exception" n’a de sens que pour faire face à une situation d’une gravité exceptionnelle. Apparemment, la crise financière et le sauvetage des banques avec l’apport massif de capitaux publics ne rentraient pas dans ce cas de figure. Personne n’a dû être réquisitionné et l’armée n’est pas intervenue.
Pourtant, des milliers de gens ont perdu leur emploi, vont le perdre ou craignent de le perdre. Des jeunes désespèrent d’en trouver. D’autres, déjà chômeurs, ont peur qu’une "disponibilité" insuffisante ne les entraîne vers les CPAS. Les pensionnés s’inquiètent de voir que le "fonds argenté" n’est toujours pas alimenté. Le nombre de faillites déclarées au mois d’août en fait "le plus noir jamais connu en Belgique". Ceux qui ont encore, grâce à leur travail, un revenu plus ou moins décent, craignent pour leur pouvoir d’achat. Les prix du gaz et de l’électricité vont remonter C’est sûr, les choix de demain se feront entre la rigueur et l’austérité.
La peur est donc bien présente dans une bonne partie de la population. Voici qu’on lui en agite une autre. Le mot même de pandémie évoque les grandes pestes ou le choléra. Chacun peut, demain, en être victime : riche ou pauvre, jeune ou vieux. La grippe va frapper aveuglément. Devant ce danger comparable au terrorisme, il faut adopter des mesures qui frappent l’imagination, des mesures anti-terroristes, en somme, avec ce que cela implique : bousculer un peu les libertés démocratiques.
Les autorités n’ont pas "vu venir" la crise financière et se sont montrées incapables de prendre des mesures concertées, au niveau européen ou mondial ? Là, elles sont prêtes : la grippe peut venir, tous les moyens sont mobilisés pour y faire face. Dormez, bonnes gens, la situation est sous contrôle.
Bien sûr, on ne fait pas d’omelette sans casser des œufs. Constituer des stocks de Tamiflu, de vaccins et de masques, ça a un coût. Seuls les pays développés pourront y faire face. Un hasard ? La pandémie profite à quelques grands groupes pharmaceutiques, alors qu’on pourrait développer des antiviraux génériques au niveau mondial. Mais que fait donc l’OMS ?
Bien sûr, la "loi d’exception" sera temporaire. Du moins en l’état actuel. Car il suffira de changer la date de son échéance à la faveur d’une loi "contenant diverses dispositions" si "la situation l’exige".
Pourquoi donc une loi d’exception ? Plus elle fait de victimes, moins cette grippe semble dangereuse. Les mesures de prévention prônées par les instances officielles sont nécessaires, bien sûr. Il est bon d’inciter à se laver les mains et à jeter ses mouchoirs usagés dans une poubelle hermétique. Mais faut-il vraiment, pour éviter la contagion, cesser d’embrasser ses enfants et ne plus saluer ses collègues qu’à la japonaise ?
Ne serait-il pas plus profitable de rappeler à nos concitoyens qu’une bonne hygiène de vie est la première des préventions ? La consommation de tabac ou d’alcool, mais aussi la fatigue et le stress diminuent l’immunité et les défenses naturelles. Oser inciter les gens à éviter le stress, notamment au travail, n’est évidemment pas un discours facile à tenir, ni même à entendre. Leur proposer de quitter plus tôt leur écran de télévision pour aller tout simplement dormir une bonne nuit ne passe pas bien non plus. Il y a d’autres mesures simples : une alimentation saine et équilibrée, une consommation accrue de fruits et de légumes frais, une activité physique, une attitude positive pour accepter, si nécessaire, les quelques jours de repos imposés par la grippe. Pourquoi préparer un tel plan catastrophe pour une grippe plus contagieuse que dangereuse ? Une telle mobilisation au niveau mondial permettrait d’éradiquer des fléaux autrement ravageurs et meurtriers.
Je n’écoute pas volontiers ceux qui parlent de "grand complot" mais là, je me pose des questions. S’agit-il de nous préparer dès à présent à d’autres épidémies ? La guerre biologique est-elle réellement pour demain ? Pourquoi constituer un tel stock de vaccins et prévoir que l’armée puisse les distribuer si c’est pour nous laisser libres de ne pas "en profiter" ? Quand va-t-on nous imposer ce vaccin ? Et surtout : que va-t-on nous inoculer à travers lui ? Quel écho donne-t-on jusqu’ici à ceux qui mettent en question l’innocuité des vaccins en général et de celui-ci en particulier ?
Il est temps que les citoyens et leurs mouvements et organisations qui se préoccupent des questions de santé mais aussi de démocratie fassent entendre leur voix ! Pour l’instant, cependant, je n’entends guère que l’information officielle. Et elle m’inquiète.
source: La Libre