Rémi Nadeau/ Agence QMI
4/10/2011
QUÉBEC - Le ministère de la Santé a injecté près d’un million de dollars dans un examen de sa controversée opération de vaccination contre la grippe A (H1N1) de l’automne 2009.
Dans un document déposé au ministère, la Direction générale de la santé publique (DSP) a précisé que « la vive controverse portant sur la sécurité du vaccin et sur la tenue de la campagne de vaccination elle-même » rend « particulièrement nécessaire » l’évaluation de l’opération.
Ainsi, pas moins de 10 projets d’étude ont été autorisés par le ministère afin de scruter différents aspects de la campagne qui a bouleversé le quotidien des Québécois.
« Ils devraient permettre de faire la lumière sur des informations qui n’étaient pas connues au moment de la campagne de vaccination », peut-on lire dans le bilan du DSP.
Des experts de l’Institut national de santé publique se penchent donc tant sur l’efficacité du vaccin à prévenir les hospitalisations chez les enfants, que sur les risques possibles de syndrome de Guillain-Barré après son administration.
D’autres études examineront les aspects psychosociaux, notamment les connaissances, les attitudes et les croyances de la population à l’égard de la vaccination.
Enfin, même une évaluation économique de la campagne sera menée, le document stipulant que les coûts qu’a entraînés la vaccination, totalisant 73 millions $, justifient cet examen.
Les projets subventionnés par le ministère de la Santé sont en cours de réalisation et devraient se terminer avant la fin de l’année.
Bilan du DSP
Pour sa part, bien qu’elle en dresse un bilan plutôt positif, la Direction générale de la santé publique a admis que la vaccination de masse a connu certains écueils.
« La préparation de longue date a été un élément clé de la réussite », a-t-on écrit dans le rapport, tout en relevant que « la particularité de la campagne reste l’incertitude qui a régné à plusieurs égards, d’où les modifications fréquemment apportées aux directives ».
Coûts détaillés
Le DSP précise que 22,6 millions $ ont été investis dans l’achat de 7,7 millions de doses de vaccins.
Québec souhaitait convaincre 75 % de la population, mais au 18 décembre 2009, la couverture vaccinale se situait à 55,5 %.
Ironiquement, l’État a dû débourser 29 000 $ pour se débarrasser de ses vaccins en surplus.
En mars dernier, toutes les doses encore stockées dans des dépôts régionaux ont été récupérées, ramenées au dépôt provincial, puis détruites.
Dans le cas des vaccins avec adjuvant, ils ont dû être acheminés chez le fabricant GSK pour être détruits.
Dépenses de communications
Par ailleurs, puisque le ministère de la Santé cherchait à joindre, informer et convaincre la population de se faire vacciner, près de 10 millions $ ont été dépensés dans une campagne de promotion et de communication sans précédent. En plus des nombreux messages publicitaires diffusés, au plus fort de la crise, les autorités de santé publique tenaient une conférence de presse quotidienne pour faire le point.
Coûts des études d’évaluation
Immunogénicité : 229 902 $
Efficacité : 92 863 $
Couverture vaccinale : 300 000 $
Surveillance des manifestations cliniques inhabituelles : 150 000 $
Évaluation économique : 100 000 $
Surveillance : financée par d’autres fonds
Aspects psychosociaux : 90 000 $
TOTAL : 962 765 $
Coût de la campagne de vaccination
Vaccins (achat et récupération/destruction) : 22 636 706 $
Promotion et communication : 9 887 930 $
Soutien aux agences de santé et centres de santé : 39 200 000 $
Développement du fichier de vaccination A (H1N1) : 427 573 $
Évaluation de la campagne : 962 765 $
TOTAL : 73 114 974 $
Source: Canoe.ca
Comme on le voit, le gaspillage du H1N1 se poursuit.
En temps de crise financière, c’est là un signe de plus du profond mépris des élus pour leur population. Mais surtout, pourquoi financer ce genre d’enquête si, comme les officiels le prétendent, « la préparation de longue date a été un élément clé de la réussite » ? Cela est pour le moins contradictoire.
Le fait que des « pandémies » soient, par définition imprévisibles et qu’on parle d’ « une préparation de longue date » devrait également susciter la réflexion.
Ironie du sort, ces enquêtes qui sont financées avec l’argent des contribuables auront surtout pour objectif de déterminer comment mieux les manipuler en vue d’écouler de futurs vaccins expérimentaux.