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27 novembre 2010 6 27 /11 /novembre /2010 15:13

Le Soir avait réalisé une interview de Jean Nève (président du CSS) et Yves Van Laethem (président du groupe scientifique Influenza) au sujet des conflits d'intérêts, interview qui a été publiée dans l'édition du 23 novembre du journal.

 

Voir ICI.

 

Suite à leurs propos, Initiative Citoyenne a tenu à réagir et a proposé une carte blanche pour faire valoir ses arguments. Carte blanche que le Soir a bien voulu publier, et nous l'en remercions.

 

Carte blanche d'Initiative Citoyenne parue dans le Soir (du 26 novembre):

Vaccins contre la grippe A/H1N1 : les conflits d'intérêts ne sont pas une fatalité !

Marie-Rose Cavalier, Sophie Meulemans, Muriel Desclée. Au nom de l'association Initiative citoyenne. L'association de citoyens défend le principe selon lequel un bon expert scientifique n'est pas forcément lié à un groupe commercial.

 

Nous ne pouvons rester sans réagir aux propos tenus dans l'édition du Soir du 23 novembre par Messieurs Jean Nève et Yves Van Laethem, respectivement président du Conseil supérieur de la santé (CSS) et président du groupe scientifique Influenza et tous deux, membres de la Commission « Transparence » du ministère de la Santé publique.

 

Présenté en première page comme un « débat » au sujet des conflits d'intérêts entre ces deux personnalités, il nous apparaît que celui-ci n'en est pas véritablement un puisque l'aspect contradictoire y fait manifestement défaut. M. Jean Nève se présente comme partisan d'une transparence totale et M. Van Laethem précise n'avoir rien à cacher : tout va pour le mieux, en somme, dans le meilleur des mondes…

 

Au sein d'Initiative citoyenne, nous portons toutefois un regard moins angélique mais plus réaliste sur cette situation qui gangrène la santé publique mais aussi la démocratie depuis déjà des années.

 

Tout d'abord, en ce qui concerne la « garantie d'indépendance et de transparence » du CSS, il nous semble que M. Jean Nève a oublié de rappeler les conclusions éloquentes des journalistes parues, à ce sujet, dans le Knack et le Vif l'Express des 12 et 14 novembre 2008 :  

« Il ressort des documents que nous avons pu consulter que quatre des cinq membres du groupe de travail qui a préparé l'avis du CSS sur le Gardasil et le Cervarix (les fameux vaccins ”contre le cancer du col de l'utérus”) sont ou ont été consultants ou chercheurs rémunérés par Glaxo Smith Kline ou Sanofi Pasteur MSD. Pourtant, ils ont tous les cinq signé la déclaration de conflits d'intérêts exigée par le Conseil supérieur de la santé, une déclaration par laquelle ils affirment pouvoir agir en toute indépendance dans ce dossier. »

 

Jean Nève qui parle du CSS comme d'une institution ayant « vocation à émettre des avis scientifiques indépendants » évoque une procédure de gestion des intérêts qu'ils ont mis cinq années à établir. Aujourd'hui, plusieurs années après la mise sur le marché des vaccins anti-HPV, il apparaît, à la lueur de la saga du H1N1, que rien n'a véritablement changé.

 

Sous couvert de discours prônant plus de transparence, on banalise ce qui n'est pas sans conséquences : le fait même d'avoir des conflits d'intérêts.

 

En 2008 déjà, Katty Cauwerts, secrétaire scientifique du CSS, disait que « jusqu'à un certain point, c'est inévitable, il faut aller chercher les données là où elles se trouvent ».

 

En somme, c'est là exactement le même discours que celui du Dr Van Laethem, lequel affirme «mentionner ces conflits d'intérêts avec clarté » (sauf dans les journaux, les radios et sur les plateaux télés ?) et qu'« il faut mieux déclarer clairement ce type de lien et tenter d'en faire abstraction le plus possible ».

 

Le hic, c'est que plusieurs scientifiques et personnalités politiques estiment non seulement que cet argument ne tient pas, mais en plus que la seule déclaration des conflits d'intérêts ne suffit pas à empêcher leur influence sur le jugement des experts…

 

Ainsi, on peut citer les propos de P. Chevalier, M. Van Driel et M. De Meyere, trois médecins belges, parus dans article de la revue d'Evidence Based Medecine Minerva, en 2007 :

 

« La seule déclaration de conflits d'intérêts suffit-elle, cependant, à résoudre le problème ? Des collaborateurs de Centres académiques du monde médical répondent que NON, pour plusieurs motifs : la notion de conflits d'intérêts est fort variablement interprétée, les conflits d'intérêts ne sont pas souvent vérifiés, leur influence difficilement identifiable pour un non-expert dans une matière. Ils estiment qu'il est plus facile de déclarer ces conflits puis de se comporter comme s'ils n'existaient pas, plutôt que de tenter de les éliminer. »

 

Dans le même registre, le sénateur français, par ailleurs aussi médecin, François Autain déclarait dans l'émission C'est dans l'air du 19 novembre dernier : « On prétend qu'un expert qui n'a pas de lien d'intérêts n'est pas un expert compétent. Ce sont les laboratoires qui tiennent ce langage. Or moi je prétends que des experts compétents qui n'ont pas de liens d'intérêts, ça existe et je ne comprends pas pourquoi on ne les fait pas travailler et on ne les fait pas siéger dans ces commissions. D'autant plus que je m'aperçois que, dans ces commissions, ce sont toujours les mêmes. »

 

Aujourd'hui, nous sommes à un tournant. Il faut pouvoir et surtout vouloir choisir. Parce que notre santé est chose bien trop importante.

 

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