Dans un grand article du Soir de ce samedi 17 décembre 2011, signé par Frédéric Soumois et intitulé "Un virus mutant qui fait trembler l'Europe", on peut lire à plusieurs reprises que ces recherches hasardeuses de l'équipe de Ron Fouchier (de l'Erasmus Medical Center) se font dans un laboratoire P4, soit le plus haut niveau de sécurité.
Le Pr Van Ranst répète également cela, comme si c'était en soi un gage de légitimité pour de telles recherches!
MAIS le pire dans tout cela c'est que ni le journaliste scientifique Frédéric Soumois ni le Professeur Van Ranst, pourtant virologue, ne semblent avoir vérifié cette information... Ce "super virus super mortel et très transmissible" a été élaboré et est conservé non pas dans un laboratoire P4 mais bien dans un laboratoire P3.
C'est ce qu'ont confirmé les virologues Bruno Lina (de Lyon) et Jean-Claude Manuguerra (de l'Institut Pasteur et de l'OMS) au cours de l'émission C'est dans l'Air du 7 décembre dernier sur France 5, intitulée "Super virus nous menace-t-il?"
Bien qu'ils se soient tous deux voulus très rassurants sur le degré exact de précautions prises, ils ont cependant admis qu'un degré P3 n'était pas identique à un degré P4 en terme d'exigences de sécurisation.
Le Pr Bruno Lina a d'ailleurs même précisé qu'un des critères décisionnels pour décider si la recherche s'effectuait dans un laboratoire P3 ou P4 dépendait de l'existence ou non d'un vaccin: comme il existe déjà un vaccin contre la grippe aviaire a-t-il dit, cette recherche de Ron Fouchier (ainsi que de son homologue japonais qui a reçu la même mission) s'effectue dans un laboratoire de type P3. Et ceci, nous précisons, même si rien ne dit que les vaccins aviaires actuels sont efficaces dans la prévention d'une contamination de ces chercheurs avec ce genre de virus muté.
Il est sans doute bon de préciser, pour ceux qui ne le savent pas, que le Pr Lina est également membre de l'ESWI (European Scientific Working Group on Influenza), tout comme son collègue le Pr Ab. Osterhaus de ce même Erasmus Medical Center de Rotterdam. C'est donc dire s'il est tenu au courant de tous les moindres détails d'une telle expérimentation! D'autant plus que le Pr Lina est également "Président depuis 2008 du Groupe de Conseil de l'OMS pour le partage des virus et des bénéfices." comme l'indique également le site de l'ESWI.
Après vérification sur le site Wikipedia, il apparaît effectivement que le nombre de laboratoires P4 dans le monde est très restreint et qu'à l'Erasmus Medical Center de Rotterdam, ils n'en disposent pas, ne disposant donc que d'un laboratoire de type P3.
Un extrait du site du magazine Foreign Policy précise bien ceci (traduction):
"Depuis 2005, plusieurs expérimentations sur la grippe conduites dans des conditions de biosécurité de NIVEAU 3 ont suscité l'étonnement car des critiques ont fusé selon lesquelles ces recherches auraient dû être menées à l'intérieur de laboratoires P4 aux conditions de sécurité plus exigeantes. Le virus originel de 1918 tiré d'une dépouille conservée dans la glace fut "ressuscité" dans un laboratoire P3. Des expérimentations ont été faites sur le virus de 1918 afin de découvrir quels gènes le rendaient si létal. Et les recherches que l'équipe du CDC, Fouchier et Kawaoka réalisent sur le H5N1ont toutes été réalisées dans des laboratoires P3."
Mais que signifie au juste le BSL 3 (biosafety level 3/ niveau de biosécurité 3) et quelles différences existent-il avec le niveau 4?
Voici ce que dit Wikipedia au sujet des spécificités d'un laboratoire P4 (le plus haut niveau possible de sécurité):
« La classification P4 d'un laboratoire signifie pathogène de classe 4 et le rend susceptible d'abriter des micro-organismes très pathogènes. Ces agents de classe 4 sont caractérisés par leur haute dangerosité (taux de mortalité très élevé en cas d'infection), l'absence de vaccin protecteur, l'absence de traitement médical efficace, et la transmission possible par aérosols. La protection maximale exigée pour manipuler ces germes est désignée par le sigle NSB4 (niveau de sécurité biologique 4). »
« Les laboratoires P4 de sécurité maximale présentent deux grandes spécificités : ils sont totalement hermétiques et constitués de plusieurs sas de décontaminations et de portes étanches, les effluents liquides sont décontaminés chimiquement et stérilisés à la vapeur ; ils disposent aussi de sécurités anti-incendie (on prive l'incendie de son comburant oxygène en injectant un gaz inerte) couplées à des détecteurs de fumées.
Ces laboratoires assurent une protection optimale des chercheurs travaillant dans leurs enceintes. Pour y pénétrer, les personnes accréditées doivent prendre une douche, revêtir un scaphandre (sous pression positive de façon à ce qu'en cas de déchirure accidentelle de la combinaison scaphandre, l'air sortira du scaphandre, plutôt que d'y rentrer, évitant ainsi toute contamination) relié à l'une des prises fournissant de l'air dont le renouvellement est totalement indépendant de l'atmosphère du laboratoire ; quand elles sortent du laboratoire, elles prennent une douche au phénol revêtues de leurs scaphandres. Des caméras surveillent continuellement l'activité du laboratoire ; le personnel ne rentre jamais seul à l'intérieur du laboratoire. Une personne habilitée à entrer en zone P4 doit obligatoirement se trouver dans le Poste Central de Sécurité ; elle pourra ainsi intervenir en zone en cas de problème éventuel (malaise, accident divers ...). »
« Les principaux agents de classe 4 sont des virus générant :
soit des fièvres hémorragiques :
Ebola
Marburg
Lassa
Congo-Crimée
soit des maladies infectieuses à haut pouvoir de dissémination et à haut taux de mortalité, par exemple la variole. »
L'Institut National de Recherche Agronomique français (l'INRA) précise sur son site les spécificités d'un laboratoire de type P3:
« Le niveau de confinement 3 est applicable à la manipulation des agents pathogènes qui provoquent généralement une maladie grave pour les humains ou les animaux, ou qui peut avoir des répercussions économiques sérieuses, mais qui, habituellement, ne se transmet pas par contact d'une personne à l'autre, ou pouvant être traitée avec des agents antimicrobiens ou antiparasitaires. »
Il est donc étrange qu'un virus mortel, volontairement transformé en un virus également très transmissible d'homme à homme, se retrouve confiné dans un laboratoire de type P3 et non dans un P4. D'autant que, comme le révélait encore un tout récent article de Canoe.ca, le nombre de gens chez lesquels des antiviraux comme le Tamiflu sont inefficaces semble en hausse: ainsi, selon le Dr Boivin, « de 2007 à 2009, on a constaté une résistance importante. Jusqu'à 100 % des virus de souche A étaient résistants au Tamiflu, même chez des patients qui n'avaient jamais reçu cet antiviral».
On se retrouve donc avec un virus mortel, très transmissible, contre lequel les antiviraux n'ont fort probablement plus la moindre efficacité et pour lequel rien ne dit que les vaccins actuels ont le moindre effet préventif (sans même parler ici de leurs risques possibles en contrepartie!), mais malgré tout, ces recherches ne s'effectuent PAS sous le degré le plus élevé de sécurité possible... un comble serait-on naïvement tenté de dire pour des recherches qui sont pourtant commanditées par des organismes officiels de santé américains (le National Institute for Health ou NIH). Ainsi, quand on sait que le Daily Mail disait de ce virus qu'"A côté, l'anthrax ne fait pas peur du tout", on ne peut que se rendre à l'évidence: si on voulait vraiment une pandémie, on ne pourrait s'y prendre autrement c'est à dire primo, la faciliter par des recherches contestables et deuxio, réaliser ces recherches dans un laboratoire qui n'est pas aux normes de sécurité maximales.
Si on ajoute à cet état de fait, toujours selon Le Soir, que c'est un conglomérat de gens majoritairement NON élus (G7+ OMS+ Commission Européenne) qui vont décider tout prochainement de la destruction ou non d'un tel virus volontairement rendu dangereux, on ne peut que se rendre compte avec une plus grande acuité encore de la perte de contrôle totale du citoyen sur une Science devenue plus menaçante que jamais.
Nous vivons par conséquent une situation surréaliste où c'est l'argent du citoyen qui sert à financer des recherches hasardeuses, destinées à fabriquer des virus monstrueux dans le prétendu but de s'en prémunir mais où, en contrepartie, le citoyen n'a plus aucun droit de regard et est totalement tributaire du bon vouloir d'instances et de gens non élus, souvent sous l'emprise de colossaux conflits d'intérêts et ce alors même que ces virus mortels ne sont même pas confinés dans les endroits les plus protégés qui soient!
Même si certains experts qui se sont lamentablement discrédités avec la grippe AH1N1 ont sans doute espéré, via cet article du Soir, redorer quelque peu leur blason et regonfler quelque peu leur crédibilité auprès du public en déplorant le sens et les risques de ce genre de recherches, il faut malgré tout déplorer la persistance chez certains médias de cette vieille manie qui consiste à n'aller interviewer que des experts du système, histoire de donner l'illusion d'un faux débat. Et ce, d'autant plus qu'il n'est guère difficile de donner la parole à d'autres personnes qui portent un regard à la fois lucide et rigoureux sur cette problématique depuis déjà de longs mois. Mais il est vrai que ces experts ont sans doute toutes leurs entrées dans la presse et qu'ils sont nettement moins dérangeants qu'Initiative Citoyenne...