Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi il a fallu attendre l'arrivée des vaccins pour se mettre à éditer en masse des petits dépliants d'"information" sur le cancer du col de l'utérus, qui certes se mettaient tout à coup à parler du frottis mais surtout de la vaccination anti-HPV, faussement appelée "contre le cancer du col"?
Comme c'est souvent le cas avec d'autres vaccins aussi, on a introduit ces deux vaccins à un moment où la mortalité par ce type de maladie avait déjà fortement baissé.
Rapport du Conseil Supérieur de la Santé de déc.2007 sur ces vaccins (extrait):
"La mortalité due au cancer du col de l’utérus n’a cessé de diminuer en Belgique depuis les années cinquante du siècle dernier, mais depuis 1990, elle ne diminue plus malgré le recours croissant aux frottis cervicaux.
Les chiffres de mortalité par cancer du col de l’utérus en Belgique ne sont toutefois pas exacts car, dans un nombre important de cas de décès dus au cancer du col utérin, aucune distinction n’est faite entre col utérin et corps de l’utérus. Selon les estimations, durant les années nonante du siècle dernier, environ 300-350 femmes sont décédées chaque année d’un cancer du col de l’utérus (Arbyn & Geys, 2002)."
Ainsi, seuls 60% environ des femmes concernées recourent à cet examen sûr, sans danger et même indispensable pour gérer à temps l'ensemble des lésions possibles et ainsi tout bonnement éviter qu'elles arrivent jamais à un stade de cancer véritable.
Le rapport du CSS prétend que la mortalité ne baisse plus depuis 1990, malgré les frottis mais le même rapport dit aussi ceci qui constitue la seule explication valable de cette stagnation:
« En Belgique, le dépistage du cancer du col est surtout opportuniste. Il existe quelques programmes de dépistage organisés au niveau provincial mais la majeure partie du dépistage s’effectue à la demande de la femme elle-même ou de son médecin. De ce fait, le taux de couverture pour le groupe cible entre 25 et 64ans ne s’élevait pour la période 1996-2000 qu’à 58.9% pour un budget national annuel total pour la cytologie cervicale (échantillon et lecture) d’environ 25.000.000 euros (Arbyn & Van Oyen, 2004). »
Un autre extrait du rapport confirme encore de plus belle:
« En 1995, le taux de mortalité standardisé européen pour le cancer du col de l’utérus était en Belgique de 4,6 pour 100.000 par an, alors qu’en Finlande par exemple ce taux était ramené à 1,7 pour 100.000 par an grâce à un dépistage quinquennal organisé (Bray et al., 2002). »
On se trouve donc en présence d'une des rares interventions médicales qui comporte un risque de ZERO% et un bénéfice de 100%..
Dépister pour traiter avant que ça ne devienne
un cancer car, les traitements sont au point!
Plusieurs articles de presse ont mis en lumière cette absence de mesures prises pour étendre la couverture du frottis et les conséquences d'une telle inertie en la matière.
Parmi ces articles, on en trouvait déjà un en 2008 (de R. Gutierrez du Soir) dans lequel on pouvait notamment lire ceci:
"Le Centre fédéral d’expertise des soins de santé a évalué, selon divers scénarios, que les vaccins n’évitent que 20 à 50 % des cancers du col utérin. [...] Et là (en matière de dépistage par frottis du col), nous sommes loin de l’idéal, réagit Marc Arbyn, épidémiologiste à l’Institut de santé publique : En Belgique, à peine 59 % des femmes de 25 à 64 ans respectent les nouvelles recommandations européennes, qui les invitent à effectuer un frottis préventif tous les trois ans. »
M. Arbyn précise que des recommandations européennes sur la vaccination sont attendues pour 2010. « D’ici là, il importe d’organiser un dépistage systématique par frottis, ce qui permettrait de prévenir 80 % des cas de cancers du col. »
OR, trois ans plus tard, en 2011, qu'a-t-on pu constater de la mise en place d'un tel "dépistage systématique"??
L'article de Mr Gutierrez du 29 avril 2011, intitulé "Cancer du col utérin: à quand le dépistage?", nous apporte la douloureuse réponse en ces termes:
« Chaque année, près de 650 cancers du col de l’utérus sont diagnostiqués en Belgique. Tirant le bilan de dix ans de dépistage « opportuniste » – à la demande de la patiente –, l’Institut de santé publique (ISP) et l’Agence intermutualiste (AIM) estiment, chiffres à l’appui, qu’il est temps d’instaurer un programme de dépistage systématique.
C’est l’une des promesses non tenues du Plan national de lutte contre le cancer… Qui annonçait, dès mars 2008, l’instauration d’un « programme systématique de dépistage du cancer du col de l’utérus pour les femmes âgées de 25 à 64 ans »… Fin 2009, le pouvoir fédéral s’engageait à cofinancer les campagnes, à charge pour les communautés de les mettre en œuvre.
Trois ans après l’annonce de ce volet du Plan cancer, toujours rien – les Communautés ayant préféré financer d’autres programmes controversés (dépistage du cancer colorectal, côté francophone, et vaccination contre certaines souches du virus provoquant le cancer du col, côté flamand). »
Mme Onkelinx qui a lancé ce fameux "plan cancer" ne porte-t-elle donc pas une responsabilité écrasante dans la survenue de nombreux nouveaux cas de cancers du col qui auraient pourtant pu être évités si elle avait géré plus intelligemment ce genre de dossier?
Et cela n'était pourtant guère difficile: si vous disposez d'un budget limité, ce qui est vraisemblablement le cas vu la crise financière, et que vous devez donc choisir, vers quoi va se porter votre choix entre une méthode controversée comportant des risques et dont l'efficacité ne sera de toute façon pas démontrée avant 20 ans (la vaccination) ou bien une méthode sans danger, toujours efficace et qui fait l'unanimité du monde scientifique (le frottis)?
Chaque citoyen ayant du bon sens aurait bien sûr fait le second choix. Mais pas la socialiste Laurette Onkelinx. Il était sans doute plus important (?) de faire plaisir à l'industrie pharmaceutique, laquelle se trouve bien sûr en ambuscades de ces associations de patients que Mme Onkelinx disait avoir suivies pour justifier l'élargissement progressif de l'âge pour le remboursement de cette vaccination: d'abord remboursée de 12 à 15 ans, puis jusque 18 ans pour ensuite étendre le remboursement de la vaccination jusqu'à l'âge original de 19 ans. Pour tout cela, il y avait de l'argent disponible.
Mais Mme Onkelinx n'est pas la seule à cautionner ces choix en dépit du bon sens. Sa collègue PS à la Communauté Française, Mme Laanan, semble suivre le même (triste) chemin. Dans le Soir du 18 juin dernier, on pouvait en effet lire, sous la photo de la Ministre, une petite phrase très révélatrice de sa philosophie disant: "Fadila Laanan a fait de cette vaccination une priorité de l'ajustement budgétaire."
Mais étendre le frottis, organiser une gratuité de celui-ci ne fait visiblement pas l'objet d'une telle "priorité de l'ajustement budgétaire". Comme c'est étrange...
Mme Laanan a donc la preuve ci-dessus que le frottis permet, sans aucun risque, d'éviter 80% des cas de cancers du col et que les vaccins, si jamais cela se vérifiait d'ici 20 ans ne permettraient d'éviter que 20 à 50% des cas, tout au plus, si les souches virales ne s'adaptent pas et au prix de lourds effets secondaires, mais qu'à cela ne tienne, elle fait le choix de la vaccination!
Après tout, GSK, la firme dont le vaccin Cervarix vient d'être sélectionné pour le marché public de la vaccination anti-HPV scolaire en Communauté Française, est basée en Wallonie, il ne faut donc pas louper une telle vitrine! Soyons chauvins, achetons local!
Alors que le budget INAMI annuel du frottis de dépistage revient à 25 millions d'euros (pour seulement 60% des femmes concernées qui y recourent), un article flamand permet d'avoir une idée du coût annuel astronomique de ces vaccins puisqu'il précise qu'en faisant "jouer la concurrence" en Wallonie, pour la vaccination dans le cadre scolaire (par rapport à des prix standards) permettront une économie annuelle de 16,7 millions d'euros à l'INAMI! Si on ajoute à ça le coût des remboursements d'une telle vaccination extrascolaire, bien sûr, la facture grimpe encore...
Tout ceci signifie donc que le coût annuel total de ces vaccins en Belgique, s'il n'existait pas, si ces vaccins n'étaient pas achetés, permettrait largement d'organiser et de financer un dépistage pour les 40% de femmes restants qui n'y recourent pas et de baisser le coût de cet examen ou d'organiser une gratuité partielle, à tout le moins.
Qui a dit que ces Ministres avaient vraiment envie de voir baisser les taux de cancers du col en ne nuisant à personne?
Les beaux-parleurs ne vivent qu'aux dépens de ceux qui les écoutent, c'est bien connu...