2 février 2010
Comme je vous l'avais prédit, l'histoire de la pandémie de grippe H1N1, créée de toute pièces, et de son vaccin risquent de provoquer auprès du public le retentissement de l'affaire du collier dans l'ancien régime.
Les cadavres commencent à sortir des placards. En voici un très beau: les études qui montraient l'activité du Tamiflu ont été falsifiées, les "gênantes" ayant été passées à la trappe pour gonfler les chiffres.
LaNutrition.fr, le 17/12/2009
Pendant des années, Roche, le fabricant du Tamiflu a assuré que son médicament prévient les complications de la grippe. Au prix de quelques contorsions mises en lumière par une enquête britannique. Récit édifiant.
Thierry Souccar
Est-ce l’histoire d’une manipulation ? Beaucoup de chercheurs le croient. En tous cas, pendant des années, le laboratoire suisse Roche a bercé les gouvernements de nombreux pays à propos des mérites merveilleux du Tamiflu, son médicament antiviral vedette. Pour qu’on y croie, Roche s’est bien gardé de publier les résultats d’études qui auraient pu susciter quelques réserves sur cette belle histoire. Voici le récit de cet escamotage et de la manière dont il a été mis à jour.
Les protagonistes de cette belle histoire
L’oseltamivir ou Tamiflu est fabriqué par Roche et prescrit dans les infections grippales. Selon le laboratoire suisse, le Tamiflu réduit les hospitalisations de 61%, les complications secondaires de la grippe (bronchite, pneumonie, sinusite…) de 67% et les infections respiratoires basses traitées par antibiotiques de 55%.
De son côté, le groupe Cochrane est un réseau de chercheurs, spécialisés en épidémiologie et statistiques, qui compile les résultats de plusieurs études sur les traitements médicaux pour en dégager une tendance et juger de leur efficacité. L’équipe qui évalue les traitements et les vaccins de la grippe est dirigée par le Dr Tom Jefferson. Cette équipe a publié en 2006 (1), puis mis à jour en 2008 une évaluation de l’oseltamivir ou Tamiflu, dont il ressort que le médicament, aux doses de 75 mg et 150 mg par jour diminue les symptômes de la grippe. Toujours selon cette analyse, le Tamiflu 150 mg réduit de 68% les complications respiratoires basses.
Mais voilà. Pour arriver à cette conclusion, l’équipe Cochrane s’est appuyée comme elle le fait d’habitude sur les résultats publiés d’études cliniques individuelles mais aussi, chose moins courante, sur l’analyse globale de 10 études, faite en 2003 par Laurent Kaiser, de l’université de Genève. L’analyse faite par Kaiser est une compilation (méta-analyse) d’études plus petites, financées par Roche. La conclusion de Kaiser pèse lourd dans le verdict obtenu par Cochrane : selon Kaiser, le Tamiflu réduit de 55% les complications bactériennes d’une grippe (2). Huit des dix études sur lesquelles le Dr Kaiser s’est basé reposent sur des résultats conservés par Roche, ou seulement publiés sous la forme de résumés (à l’inverse des données brutes). Donc ces données n’ont jamais été mises à disposition de la communauté scientifique. Seul Kaiser a pu les utiliser. Parmi les deux études publiées, une a trouvé que le Tamiflu réduit le risque de complications, l’autre qu’il n’a aucun effet.
Un tsunami venu du Japon
En prenant connaissance de l’étude Cochrane, un pédiatre japonais, le Dr Keiji Hayashi, s’inquiète des résultats d’une analyse – celle de Kaiser – dont personne ne peut vérifier le bien-fondé. Hayashi est originaire d’un pays qui jusqu’à une date récente a englouti 80% de la production de Tamiflu. De plus, des effets secondaires chez l’enfant, rares mais graves, y ont été rapportés par le Dr Rokuro Hama, qui a longtemps dirigé l’Institut japonais de pharmacovigilance. Hayashi veut s’assurer que le rapport bénéfice-risque est bien en faveur de l’usage du Tamiflu. En juillet 2009, Hayashi fait part de son trouble dans un courrier adressé à Tom Jefferson, de Cochrane : « Vous avez dit que l’oseltamivir 150 mg prévient les complications respiratoires basses. Mais cette conclusion est essentiellement basée sur une analyse conduite par Kaiser et son équipe et pas sur votre propre analyse des données. » Hayashi ajoute qu’outre le Dr Kaiser - le seul à n’avoir pas de lien financier avec le laboratoire - les auteurs de cette analyse étaient quatre employés de Roche, et un consultant de Roche, le Pr Frederick Hayden, de l’université de Virginie.
Hayashi demande en conséquence à Jefferson et son équipe de procéder à leur propre analyse à partir des résultats bruts des études, et non pas à partir de ce que Kaiser en a fait.
Le hasard veut que le 28 juillet les autorités sanitaires britanniques demandent expressément au groupe Cochrane de mettre à jour leur analyse de 2008 sur le Tamiflu.
Le 10 août, le Dr Tom Jefferson demande par email au Pr Frederick Hayden (université de Virginie), co-auteur de l’analyse Kaiser, de lui fournir les « données brutes » des études non publiées. Le 14 août, Hayden répond ceci : « J’ai cherché, mais je n’arrive pas à remettre la main sur les dossiers originaux en liaison avec cette publication de 2003. Avant et après les deux années passées à l’Organisation mondiale de la santé à Genève, j’ai été obligé de changer de bureau à l’université plusieurs fois et de me séparer de certains dossiers. Il semble que les dossiers de ces études aient été jetés. Si vous avez besoin des données originales ou des études non publiées, vous devrez probablement les obtenir de Roche, qui a sponsorisé ces études. » Jefferson reçoit une réponse similaire du Dr Kaiser.
Un pas en avant, deux pas en arrière
Peu de temps après avoir reçu ces réponses négatives, Jefferson est approché par Tom Clarke, un journaliste scientifique de la chaîne britannique Channel 4 News qui enquête sur les vaccins et les antiviraux. Jefferson explique à Clarke qu’il doit se rapprocher de Roche pour récupérer les données brutes des études. La chaîne de télé propose alors de lui donner un coup de main en interrogeant le service de presse de Roche. Philip Carter, un producteur de Channel 4 News contacte donc Pam Dann, une des responsables de la communication de Roche et lui explique que Kaiser et Haydn ont conseillé à Jefferson de s’arranger avec Roche pour se procurer les résultats bruts. Le 10 septembre, Carter donne à Roche les coordonnées de Jefferson. Ce sera le dernier contact entre la chaîne de télévision et le laboratoire.
Le 11 septembre, le Dr Michelle Rashford, directeur médical de Roche indique à Jefferson qu’elle a fait suivre sa demande à l’équipe de développement clinique du laboratoire. Trois semaines se passent sans que Jefferson reçoive la moindre information, mais le 1er octobre, Michelle Rashford se manifeste à nouveau. Elle fait savoir à Jefferson que le laboratoire exige de lui un accord de confidentialité avant de lui confier les données brutes. L’accord de confidentialité rédigé par Roche stipule qu’il doit rester secret et que Jefferson ne pourra pas publier l’intégralité des résultats des études. Troublé par ces exigences, Jefferson demande des éclaircissements : « Pourrons-nous, écrit-il au laboratoire, publier les données et en tirer des conclusions ? »
Non seulement Roche ne répond pas, mais le 8 octobre, la société suisse met un terme aux discussions dans un courrier signé par Hannah Rind, un responsable de la communication : « Suite aux discussions que nous avons eues avec nos équipes médicales au Royaume-Uni et à Bâle, nous n’avons malheureusement pas pu vous envoyer les données que vous demandiez car une méta-analyse similaire est en cours et nous craignons qu’elle entre en conflit avec votre demande. Nous avons en effet été approchés par un groupe d’experts indépendants et nous leur avons donné accès aux études de Roche pour conduire leur méta-analyse. Je peux confirmer que ces rapports ont dans le passé été remis aussi bien à la FDA qu’aux autorités sanitaires européennes. »
Jefferson va alors tenter de persuader Roche que le travail de Cochrane ne peut pas gêner celui de l’autre équipe et qu’au contraire une double analyse donnera plus de poids aux conclusions. Le 21 octobre, six semaines après la demande originale de Jefferson, le Dr David Reddy, responsable de l’unité de pandémies chez Roche, envoie à Jefferson des extraits des 10 études utilisées par Kaiser, y compris les tableaux sur les infections respiratoires et la prescription d’antibiotiques. A partir de ces tableaux, Jefferson va tenter de reconstruire les données compilées par Kaiser, mais sans succès. Pour le groupe Cochrane, Roche a fourni des données incomplètes et le dit au laboratoire le 24 octobre : « Nous n’avons pas pu reconstruire les dénominateurs de l’étude Treanor de 2000. Le résumé semble avoir été constitué de plusieurs de ces études sans qu’il soit précisé lesquelles. Les étapes de la randomisation, du double aveugle, les critères de sélection n’apparaissent pas dans les extraits et les maladies dont souffraient les volontaires sont rarement décrites (quand elles le sont), donc nous ne pouvons pas être totalement sûrs que nous avons affaire à des adultes en bonne santé. »
Le 28 octobre, Roche fait savoir à Jefferson que le laboratoire « travaille sur les questions que vous avez soulevées et qu’il enverra des informations supplémentaires la semaine prochaine. » Mais pour Cochrane, la date butoir était arrivée et Jefferson a fait savoir à Roche qu’il était trop tard pour cette fois.
Le Tamiflu peu efficace pour prévenir les complications
La nouvelle analyse publiée dans le BMJ par Cochrane sur le Tamiflu ne tient donc pas compte des résultats publiés par Kaiser – soit deux-tiers des patients qui étaient dans la première analyse. Du coup, Cochrane trouve que le Tamiflu ne réduit plus le risque de complications de 67% mais de 45% seulement, ce chiffre n’étant pas significatif au plan statistique, ce qui fait dire à Jefferson et son équipe que les preuves à leur disposition « suggèrent que l’oseltamivir ne réduit pas les complications de l’appareil respiratoire bas qui sont liées à la grippe. » (3)
Aujourd’hui, pour justifier le refus de Roche de livrer ses résultats bruts à Jefferson, David Reddy, qui rappelons-le dirige l’unité « pandémies » du fabricant, explique que les données de ces études incluaient des informations privées sur les patients (il s’agissait en réalité des… initiales et dates de naissance). Légalement, dit-il, les agences sanitaires, les chercheurs, médecins et managers de Roche peuvent les voir, mais personne d’autre sauf sous le sceau de la confidentialité. « Nous ne comprenions pas pourquoi la chaîne de TV était impliquée, » ajoute aujourd’hui Reddy. « Nous avons donc demandé au Dr Jefferson de signer un accord de confidentialité, ce qu’il a refusé. »
Roche s’est finalement décidé à mettre en ligne les résultats des études qu’il avait gardées jusqu’ici confidentielles. Consulter les résultats de ces études . Mais au premier examen, il semble bien que ces études aient une portée limitée. Dans un courrier adressé au BMJ peu de temps avant la publication de Jefferson, Kaiser et Hayden, les principaux auteurs de l’analyse de 2003 reconnaissent d’ailleurs que « les différences entre les groupes placebo et ceux qui ont reçu l’oseltamivir ne sont pas significatives au plan statistique dans les sous-groupes analysés. » Ils avouent finalement que leur analyse était limitée « par le petit nombre de complications sérieuses chez les patients » et laissent entendre qu’aucune conclusion ferme ne peut en être tirée. Pourquoi dans ce cas ont-ils affirmé dans leur conclusion de 2003 que « le traitement de la grippe par le Tamiflu réduit les complications respiratoires basses, l’usage des antibiotiques et les hospitalisations aussi bien chez les adultes en bonne santé que les adultes à risque. » ?
En conclusion, il apparaît aujourd’hui que les nouveaux documents publiés par Roche montrent que le Tamiflu n’est pas ou est peu efficace pour prévenir les complications de la grippe. Cette information était en possession de l’Agence européenne du médicament et de l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) et de la Food and Drug Administration des Etats-Unis (FDA). Pourtant, l’Agence européenne assure dans son analyse du Tamiflu de 2009 que celui-ci diminue l’usage d’antibiotiques.
Quant à l’Afssaps elle estime que « les antiviraux réduisent potentiellement les risques de complications. » Et conseille depuis le 9 décembre de donner du Tamiflu dans tous les cas de grippe ! (Lire l'article La distribution de Tamiflu contredite par les autorités scientifiques) Seule la FDA a procédé à une interprétation correcte des études de Roche. Dans son analyse de 2008, l’agence précise bien que selon elle le Tamiflu ne prévient pas les infections bactériennes consécutives à la grippe. Si le Tamiflu n’est pas plus efficace que le paracétamol, il faudra se demander un jour pourquoi et dans quelles conditions le gouvernement français en a acheté 24 millions de doses. (Lire l'article Comment Roche a poussé à l'achat de son Tamiflu)
A lire aussi dans l'Humanité, grippe A : « Ils ont organisé la psychose »; le président de la commission santé du Conseil de l’Europe, l’allemand Wolfgang Wodarg accuse les lobbys pharmaceutiques et les gouvernants.
Digne héritière du positivisme d'Auguste Comte, la secte médicale étazunienne au pouvoir actuellement, le bras armé de Big Pharma, nous inflige depuis quelques années la notion de l'EBM. Evidence Based Medicine, la médecine basée sur les preuves.
Mais de quelles preuves s'agit-il? Il est temps que les médecins honnêtes et le public se rende compte que l'affaire du Tamiflu constitue la règle et non pas l'exception. Les "preuves cliniques", les "zétudes" sont forgées de toutes pièces par Big Pharma.
La recherche de la vérité est toujours incompatible avec la recherche du profit.
Ceci est particulièrement vrai dans l'homéopathie où les médecins à la recherche d'une vérité clinique ont dès le début bravé les moqueries, les sarcasmes, les persécutions.
source: Planet Homéo