Le fameux débat sur les vaccinations est donc lancé avec un site officiel dédié [1]

 

Concertation citoyenne sur la vaccination 

 

Dans la rubrique ''Mandats remis aux jurys'' [2] on peut lire :

 

Quelles sont les questions posées aux jurys ? 

 

Les questions posées aux participants visent à guider leurs réflexions et débats.

 

Toutefois, les avis des jurys peuvent également porter sur tout autre sujet à même d’améliorer la confiance en la vaccination.

 

D’après vous, quelles sont les perceptions des vaccins par les Français, d’une part de leurs intérêts et avantages, d’autre part de leurs risques et inconvénients ?

 

Comment faciliter la vaccination (conditions de remboursement, gratuité, information, pédagogie, suivi des vaccinations, formation des professionnels de santé, autres) ?

 

A quelles conditions l’obligation de certaines vaccinations vous paraît-elle acceptable ?

 

Qu’attendez-vous de la recherche en matière de vaccination ?

 

Quelles recommandations feriez-vous pour améliorer la confiance dans la vaccination ?

 

Quelles recommandations feriez-vous pour améliorer la couverture vaccinale ?

 

Le fameux ''débat'' sur ''la vaccination qui ne se discute pas'' selon les propos de la ministre, est annoncé ''transparent'', ''indépendant'' et ''citoyen'' en messages clignotants.

 

''Un débat indépendant'' mais de quoi ?

 

''Un débat transparent,'' mais ça veut dire quoi ?

 

On jugera la transparence après coup. D'autres disaient aussi ''il faut tout mettre sur la table''. Tout, vraiment tout ? Il faudra pour le moins qu'elle soit en chêne massif et doublement renforcée !

 

''Un débat citoyen.''

 

Comme le chantait Dalida :

 

Encore des mots toujours des mots
Rien que des mots
Parole, parole, parole, parole, parole
encore des paroles ...

 

Le débat étant indépendant, les jurys seraient donc autonomes et libres  …

 

Libres mais … les organisateurs leurs mettent quand même sous le nez 6 questions ''pour guider leurs réflexions et débats''. Il s'agit de :

 

''faciliter la vaccination'', ''d'améliorer la confiance dans la vaccination'', ''d'améliorer la couverture vaccinale''.

 

A la ligne suivante, une lueur d'espoir apparaît soudain :

 

''Toutefois, les avis des jurys peuvent également porter sur tout autre sujet …''

 

Mais elle est de très courte durée, on retrouve aussitôt la réalité brutale de ce ''débat'' : '

 

'...à même d’améliorer la confiance en la vaccination.''

 

Nous constatons donc que l'avant  dernière question ''imposée'' (pardon ''guidée'') était :

 

''Quelles recommandations feriez-vous pour améliorer la confiance dans la vaccination ?''

Le thème ''libre'' étant :

 

''tout autre sujet à même d'améliorer la confiance en la vaccination''

c'est clair, très clair, très très clair  !!!

''La vaccination ça ne se discute pas !''

 

disait la ministre … C'est toujours d'actualité !

 

Notons cependant la nuance : on passe de  ''améliorer la confiance dans la vaccination'' à ''améliorer la confiance en la vaccination'', admirez la plage de liberté laissée aux jurys ...

 

On aurait pu penser qu'un thème mobilisateur serait « comment améliorer la lutte contre certaines maladies », celles dites à prévention vaccinale et qu'on rencontre dans notre pays. Il n'y a pas que la vaccination et la mise en perspective de l'ensemble des moyens de lutte permettrait de remettre la vaccination à sa place. Il n'en est rien, l'obsession vaccinale est totale chez les organisateurs et ils veulent la transmettre aux jurys ''indépendants'' et même aux citoyens qui participeront au débat. C'est la disserte pour le bac, le prof a donné le sujet, vous avez 3 heures ou 3 mois et si vous êtes hors sujet vous aurez zéro, c'est à dire ''ce que vous aurez exprimé sera exclu de la réflexion indépendante, citoyenne et transparente''.

 

Aussi, j'ai envoyé fin juillet le commentaire suivant aux organisateurs:

 

Parmi les difficultés d'un débat transparent.

 

L'objectif affiché pour cette concertation est clair et explicite : comment améliorer la couverture vaccinale ? Pour cela il faudra redonner confiance non dans la vaccination mais dans l'autorité vaccinale à travers ses différentes composantes (experts, comités, ministres, laboratoires …).

 

Pour avoir une chance de réaliser un tel objectif, me sera-t-il permis de dire qu'il aurait été préférable de choisir de traiter :

 

Comment améliorer la lutte contre les maladies infectieuses ?

 

En se limitant bien sûr à celles dites à prévention vaccinale.

 

La vaccination n'est pas, ne fut pas et de loin, la mesure la plus importante, encore moins exclusive dans la lutte contre les maladies infectieuses. Par exemple :

 

Aujourd'hui, avec les données disponibles, il n'est plus possible de soutenir que la variole aurait été vaincue par la vaccination. Après l'échec des campagnes de vaccination, elle le fut par la recherche active des malades, leur isolement ainsi que la recherche et l'isolement de leurs contacts.

 

La trop grande confiance dans le BCG a considérablement compliqué et retardé la lutte contre la tuberculose. Il faudra attendre 2007 pour qu'un plan de lutte contre la tuberculose voie enfin le jour dans notre pays alors qu'il avait été envisagé dès 1974.

 

Jusqu'en 2004 l'immunité contre la tuberculose sera testée dans nos écoles alors qu'aucun laboratoire de recherche sur la maladie ne savait le faire …

 

Les échecs et les limites de la campagne d'éradication de la polio illustrent l'importance des mesures de protection de l'eau consommée par les populations.

 

Par ailleurs, il faudrait totalement repenser la façon dont les tests statistiques sont utilisés dans les études épidémiologiques. Ils sont en effet mis en œuvre par les épidémiologistes sans tenir aucun compte de leurs conditions d'utilisation. Ainsi on peut tuer des signaux existants comme j'ai pu le montrer : le calendrier vaccinal (ou une campagne de vaccination) conduisant à vacciner à peu près en même temps les futurs cas et leurs futurs témoins, le test cas-témoins s'en trouve invalidé quand on teste sur des délais comme ''la maladie apparaît dans l'année qui suit la vaccination'' [1].

 

On peut penser que cela est technique et que les populations, même cultivées, ne se sentiront pas concernées. Pourtant, si l'autorité affirme que les études ont montré qu'il n'existe pas de liens entre la vaccination hépatite B et la sclérose en plaques, beaucoup en doutent même s'ils ne pourraient expliquer ou comprendre les défauts techniques de ces études.

 

Sur ces questions j'ai fait parvenir il y a quelques mois, au secrétariat du HCSP, une dizaine de contributions au rapport Gradation mis en ligne le 12 janvier 2016. Ce rapport traite de la notation des études épidémiologiques relatives aux vaccinations [2].

 

Vous voyez que pour rétablir la confiance par une totale transparence il y aurait beaucoup à faire qui ne semble pas avoir été prévu ?

 

[1] Mon article :

http://questionvaccins.canalblog.com/archives/2015/10/31/32861683.html

[2] Ma première contribution au rapport Gradation :

http://questionvaccins.canalblog.com/archives/2016/03/18/33532611.html

Les suivantes y sont alors indiquées.


[1]  http://concertation-vaccination.fr/ 

[2]  http://concertation-vaccination.fr/les-jurys/mandat-du-comite/ 

 

Source: site de Bernard Guennebaud